02 – Milin ar Stanc

Préambule : afin de permettre une plus grande facilité de lecture sur internet, cette étude d’André Nicolas a été fractionnée en chapitres. Il est possible de prendre connaissance du texte original en cliquant ici. Fichier de 21 Mo au format pdf.

Du Diouris au Diouris
en passant par le Stanc et Kerandraon

 

André NICOLAS
juillet 2012

Au Diouris, à l’extrême sud de la commune de Plouguerneau, le flot vient chaque jour mourir contre la chaussée de l’ancien moulin banal du manoir de Kerandraon. L’aber Wrac’h qui serpente entre les roseaux venus recouvrir les anciens prés salés de ses rives, les sentiers des sous-bois et les constructions séculaires font de l’endroit, qui fut l’ancien siège du fief de Kerandraon, un lieu à la fois mystérieux et enchanteur.

Milin ar Stanc

Le sentier qui permet d’accéder au Stanc longe une large tranchée qui ressemble à un ancien bras artificiel de l’aber. Il est aujourd’hui envasé et couvert de végétation mais, il y a moins de cinquante ans, on pouvait s’imaginer qu’il s’agissait d’un ancien canal latéral rendant possible le halage d’embarcations entre le Stanc et le Diouris, où un accès direct au chemin de grande circulation de Lannilis à Lesneven permettait de transférer des marchandises entre la mer et l’intérieur des terres, en particulier l’ancienne forteresse des marquis de Carman située à deux kilomètres en amont, abandonnée et ruinée vers le début du XVIIIème siècle. Il n’en reste plus rien aujourd’hui : elle servit longtemps de carrière de pierres et disparut totalement au cours du XIXème siècle.

A 800 mètres environ, en aval sur l’Aber-Wrac’h, nous trouvons les vestiges d’un moulin dit ar Vilin Goz par les anciens du village de Kerandraon.
Il est figuré sur le cadastre napoléonien comme Milin ar Stanc. Propriété des cousins Pierre et Gabriel Rucard de Kerandraon, il est considéré comme bâtiment rural et qualifié de masure dans la matrice cadastrale de 1842. C’est la seule trace écrite que nous ayons trouvée à propos de l’histoire de cet édifice. A cette époque, il est certainement déjà désaffecté. La configuration de son emplacement permet de douter de son efficacité. Il fut, probablement, bâti comme moulin à marée avec un barrage et le canal artificiel permettant de forcer le courant, au flux et au reflux, vers sa roue motrice qui devait être à aubes radiales (ur galegen).
On peut aussi comprendre que son fonctionnement devait être perturbé par le moulin qui avait été installé, vers 1800, à Pont Krac’h situé à 1500 mètres en aval, seulement.
Ce ne fut pas forcément un moulin à céréales, mais peut-être à lin, ou un autre usage…
Le linteau sur le conduit d’eau porte des motifs étranges restés, pour nous, mystérieux. Peut-être s’agit-il d’une pierre récupérée sur un édifice plus ancien ?


Les mystérieux motifs sur le linteau du passage d’eau

Les vestiges du moulin du Stanc