Yann Kersalé entretien-t-il une relation éphémère avec l’art ? Non pas qu’il ait la bougeote, mais parce que ses oeuvres ne durent que le temps d’un instant. En l’occurrence, une nuit pour éclairer le phare de l’île Vierge, dans la continuité des huits travaux qu’il s’est imposé pour cet été 2011 dans le cadre de son projet « 7 fois plus à l’ouest ».
Cette illumination est la septième et dernière mise en lumière d’un site. Il fait suite aux chaos d’Huelgoat, les alignements de Carnac, le radôme de Plomeur-Bodou, les prairies d’Océanopolis, le Sillon noir de Pleubian et la Zac de Courrouze à Rennes. Le huitième et dernier labeur sera la création d’une exposition prévue à l’espace EDF de Paris, du 28 octobre au 4 mars 2012, à l’aide des images, photos et sons de ces expositions d’un soir.
Yann Kersalé dans la presse :
Yann Kersalé met en lumière le phare de l’île Vierge
Lundi 29 août, à la pointe du Castel Ac’h, spectacle éphémère et unique, de la tombée de la nuit au levé du jour.
Trois questions à…
Le phare de l’île Vierge est l’une des sept installations de votre expédition lumière en Bretagne de cet été. Pourquoi ce choix ?
C’est un choix par défaut. Je m’intéressais au départ au phare de la Vieille – je suis Douarneniste – ou au phare de la Jument. Mais j’ai essuyé un refus des Phares et Balises. Cela n’a pas d’importance, ce qui m’intéressait, c’était d’éclairer un phare en lumière, alors que le phare est par essence lui-même source de lumière. J’ai également quelques contraintes à l’île Vierge, par exemple, je ne peux utiliser l’électricité du phare, nous avons donc installé sept petits groupes électrogènes sur place, pour produire une lumière douce et bleutée, car je ne voulais pas que l’éclairage soit tonitruant et je souhaitais qu’aucune confusion ne soit possible pour les bateaux.
Vous n’en êtes pas à votre première expédition lumière. Après Cap Canaveral ou Porto Rico, quel sens donnez-vous à cette performance ?
Tout d’abord, il y a certes sept installations, mais en fait huit événements, le dernier étant une mise en abîme des images des sept installations filmées. Sept, c’est pour les Latins le nombre de jours de la semaine, mais pour les Celtes, qui comptaient différemment, il s’agissait plutôt de huit nos, huit nuits. Je suis donc parti de là… Cette projection se passera à l’intérieur d’une immense boîte noire, et sera visible à l’espace EDF à Paris d’octobre à juin prochain. Mais je cherche également un lieu un Bretagne pour rendre pérenne cette aventure éphémère.
Comment définissez-vous votre art ?
Comme une déambulation du rêve. Les spectateurs ne sont pas convoqués, il n’existe ni début, ni fin. J’essaie de révéler de nuit car ce qui de jour est entré dans la mémoire visuelle de tous. Un peu comme les impressionnistes qui ont transcendé la lumière avec leur palette. Moi, en toute modestie, j’ai remplacé leur palette par une lumière appliquée qui cherche à créer du sens. Il s’agit d’un parcours géo-poétique, où une cathédrale a pour moi autant d’intérêt qu’un silo à grains. Mise en lumière, mise en abîme…
Ouest-France – Annick Morel – 29/08/2011