Croix et calvaires

Beaucoup s’y sont essayé, peu sont arrivés au bout des 130 croix et calvaires que compte le territoire plouguernéen. C’est avec beaucoup de persévérance qu’Eugène Guiriec, curé à Plouguerneau, a élaboré un inventaire exhaustif de ce patrimoine et avant lui Yves-Pascal Castel.

C’est tout naturellement que la source de ce travail est devenue le précieux « Répertoire des croix et des calvaires de Plouguerneau ». Ce répertoire a vu le jour en 1981, soit un an après l’année du patrimoine, comme le précise Eugène Guiriec: « L’année 1980, est à l’origine de ce travail qui ne voit le jour qu’un an après, et encore grâce à de nombreuses collaborations, à qui je m’empresse d’adresser un chaleureux merci. »

Le registre établissant un inventaire très précis a été reçu à l’époque par Monsieur le Maire, Léon Guéguen, comme un témoignage important lié à l’histoire plouguernéenne. Pierre Abjean en guise de préface précise également : « La publication de croix et calvaires … a incité un large public, aujourd’hui sensibilisé, à cette nécessité objective et morale : la sauvegarde du patrimoine archéologique, historique et culturel de notre commune. Or, cette sauvegarde suppose l’application d’un dénombrement complet, c’est-à-dire un inventaire , car ces calvaires et ces croix font partie intégrante de nos communautés, croix placées aux croisées de route ou pour prendre la place d’un dieu des carrefours aux temps du paganisme. »

Trente ans après le travail de cet homme passionné, Plouguerneau d’hier et d’aujourd’hui a l’ambition d’établir un nouvel état des lieux des croix et calvaires de Plouguerneau. Le travail est plus aisé qu’en 1980. Il existe des fondations à ce travail. Malgré tout, ce nouvel inventaire a été réalisé sur plus d’une année…

Il est cependant à noter que l’évolution des temps propose un autre défi. Des croix ou calvaires ont peut-être disparu à tout jamais ou ont été déplacés. Délice des temps, certaines croix sont réapparues. Le véritable pari est de proposer un nouvel inventaire. Celui-ci ne pourra être exhaustif. Comme se plaisait à le faire remarquer Eugène Guiriec, « ce qui est vrai aujourd’hui, ne l’était pas nécessairement hier« , alors il y a trente ans ! Et qu’en sera-t-il dans trente ans ?…

Les croix sont classées par lieux-dits ou hameaux. Pour chacune d’entre elles, il est proposé une notice avec une photo, un point GPS et une brève explication lorsque cela est possible.
Le nom de la croix est suivi de deux références. La première, « EG » est celle qu’Eugène Guiriec donne à son ouvrage « Répertoire des Croix et Calvaires de Plouguerneau ». La seconde, « YC » appartient à Yves-Pascal Castel faisant référence à son « Atlas des croix et calvaires du Finistère ».

Au 8 mai 2011 : 125 croix apparaissent dans notre inventaire (131 pour Eugène Guiriec).

Certaines croix semblent avoir disparu à tout jamais, Anteren (1), Beg ar c’hastel (8), Kerezoc (41bis), Kervener (64), Kerveogant (65), Kiella (68), Perros (101bis). Peut-être suis-je simplement passés à côté ?… (Les numéros correspondent à la référence d’Eugène Guiriec).

Lorsqu’en 1980, Eugène Guiriec entreprit la réalisation de son « Répertoire », il dressa également l’inventaire des croix connues et disparues : Carpont (croix en bois), Dreinoc (croix en bois), Goarivan (croix en pierre), île d’Erc’h (île des américains, deux croix en fer), Kerambars (croix en pierre), Kerdudan, Kerneac’h an Traon (cette croix a retrouvé sa place), Lienen (croix en pierre).

Pourquoi toutes ces croix ? Que signifient-elles ?

(à venir)

Avant d’en terminer avec cet inventaire

Nous sommes preneurs d’un cliché de la croix de Stagadon, ainsi que de son point GPS.

La croix du Pont Krac’h (103) n’apparaîtra pas dans cet inventaire, contrairement au choix d’Eugène Guiriec. En effet, celle-ci se situe sur le côté lannilisien de l’Aber Wrac’h. Le choix du prêtre de la lister dans son annuaire était dû au fait que la croix trouvait son origine dans la légende de Saint Pol.

Si malgré nos recherches il venait à manquer une croix, n’hésitez pas à la signaler. Il est possible de nous envoyer un message en cliquant sur le prénom en haut de l’article.

Afin de ne pas les oublier, voici les annexes du « Répertoire des Croix et Calvaires de Plouguerneau », d’Eugène Guiriec.

Annexes du « Répertoire des Croix et Calvaires de Plouguerneau »
Eugène Guiriec

Annexes

Croix transférées

La croix de Kergasken
Désignée sous l’appelation de « Kroazig-verr » (une croix courte » de plus !), elle a été plantée dans le talus bordant la route de Plouguerneau à Guisseny, à la limite sud d’un champ appelé tout naturellement « park ar groazig-verr », situé à gauche et à mi-route entre le village de Kroaz-Edern et l’embranchement du Zorn.
Cette croix de granit signalait peut-être la proximité de l’ancienne chapelle Ste Marguerite, à Kergasken ; celle-ci était peut-être adossées au pignon est du vieux manoir, à la place actuelle de la grange… La statue de Ste Marguerite que l’on voit dans la chapelle de Kérodern provient de cette ancienne chapelle, qui fut démolie vers 1895.
Avec l’autorisation de la famille Cabon, la croix a été cédée en 1964 à la Congrégation des Servantes de l’Agneau de Dieu, 85, route du Vieux St-Marc, à Brest.

La croix du Treiz-Koz, au Derbez
Cette croix, en granit également, a été remise par Eric Galiou aux services techniques de la commune.

Croix disparues(*)

Au Carpont. C’était une croix récente, en bois, qui fut érigée à gauche, en bordure de la côte qui monte du Carpont vers Ranénézy, à peu près en face de la carrière. A cet endroit, le 12 octobre 1935, François Yves Marie Loaec, 30 ans, époux d’Olive Calonnec de Gorrekear, voulant maîtriser son cheval emballé, se blessa mortellement en sautant de sa charrette…

Au Dreinoc. Une croix semblable se voyait au bord de la route jusqu’à il y a une vingtaine d’années. Elle rappelait la mort accidentelle, dans un cas analogue, de Guillaume Sanquer, 59 ans, de Kerhuel, survenue le 8 avril 1916, alors qu’il revenait à la maison avec une charretée d’herbe.

A Goarivan. La famille René Chever (dit « Nan ar Bi ») se souvient d’avoir vu, tout près de son puits, aujourd’hui bouché, une petite croix de pierre, actuellement introuvable… Avec les remaniements successifs des talus qui entourent la maison, elle a dû être engloutie dans l’un ou l’autre des muretins de clôture…

A l’île d’Erc’h. Facilement accessible à toutes les marées basses à partir de Kerazan, cette île est aussi appelée « l’île des Américains », du fait de leur séjour en ces lieux pendant la guerre 14-18. On dit que 2 croix de fer s’y trouvaient naguère (souvenirs de naufrages, peut-être)… mais il n’en reste plus aucune trace…

A Kérambars. Cette croix de pierre se situait sur le talus sud, entre la ferme de Jérôme Sanquer et celle de Mr Yves Favé. Lorsque fut élargie la route de Prat Paol (vers 1968 ?), elle a dû être ensevelie avec la caillasse des terrassements,… à moins que quelqu’un en ait profité pour se l’approprier ou la revendre…

A Kerdudan. Beaucoup de personnes se souviennent de cette croix, devant laquelle elles se signaient pieusement, comme c’était la pieuse habitude, lorsqu’elles prenaient le raccourci qui joignait directement Kerdudan à la route de Lesneven, face à St Kénan. Cette croix s’identifie peut-être à la croix n°111 bis… Sinon, il faut la porter réellement disparue !

A Liénen. De cette croix, il ne reste que le socle, voisinant avec d’énormes rochers, dans un site pittoresque. Est-ce toujours le champ Galliou ? De nombreuses maisons neuves se sont construites aux alentours… C’est toujours, en tout cas, non loin de chez Mad. Vve Léon…

(* Il n’est pas fait état de la croix de Kernéac’h an Traon qui a retrouvé sa place. NDLR)

Vestiges de croix

A la Révolution de 1789, beaucoup de statues ont été décapitées, beaucoup de mutilées ou mises en miettes. Quelques morceaux furent recueillis par des mains pieuses, et enfouis dans les soubassements des grandes croix… En plus des morceaux qui sont encore visibles dans les soubassements de la croix du NAOUNT (n° 100) et de celle de KERGRATIAS (n° 48), il faut signaler les vestiges précieux que sont ;

la PIETA qui repose sur un socle, contre le pavillon du tourisme, près de l’église. Légèrement mutilée, on voit bien qu’elle provient d’une croix: elle s’adosse à un fût circulaire, de 0,20 m. de diamètre environ.

la statue de St JEAN L’EVANGELISTE lui fait pendant, sur le même pignon: l’ apôtre est assis ; des mains, il tient un livre ouvert sur un piédestal ; à ses pieds, un aigle mutilé.

la statue de Ste MARIE-MADELEINE, dans la chapelle St-Laurent : la sainte est à genoux, un vase de parfum à son côté.

la VIERGE A L’ ENFANT de l’église du Grouanec, dans une niche basse qui devait servir autrefois de bénitier… Jusqu’à la restauration de cette église, la statue se trouvait à Kerriec, sur le socle de la croix n° 62. Elle s’encastre dans l’évidement d’un chapiteau circulaire à moulures, et elle porte 2 écus : d’un côté, un calice et les lettres « N D » ; de l’autre, les instruments de la Passion. C’était le verso d’un Christ en croix, dont il ne reste qu’un morceau de fût circulaire et un pied de crucifié… L’ensemble provient donc d’un calvaire, et probablement du calvaire même de Kerriec dont le soubassement intact reste, de nos jours, si impressionnant…


La Pieta


Saint Jean l’Evangéliste


Sainte Marie Madeleine


La Vierge à l’Enfant