DESTINS TRAGIQUES DANS LA FAMILLE L’HOSTIS
En marge des commémorations du 70è anniversaire du débarquement des Alliés en Normandie et de la Libération de la France du joug nazi, deux portraits de personnes d’origine plouguernéennes qui ont perdu la vie pendant les combats. S’ils ont tous les deux le même patronyme (sans être de la même famille), et un destin funeste, leur parcours est bien différent.
1 – Marie Yvonne L’Hostis, victime de l’explosion de l’abri Sadi-Carnot
Née à Lambézellec en 1877, Marie Yvonne L’Hostis n’a guère vécu à Plouguerneau. Son père, François L’Hostis, y était né en 1833, mais avait quitté la petite commune pour travailler à Lambézellec dans une grande brasserie. Il y avait rencontré Françoise Quéré, née à Guisseny en 1838. Le couple a eu au moins trois enfants dont Marie Yvonne.
Cette famille L’Hostis est attestée à Plouguerneau depuis 1776, date à laquelle Pierre L’Hostis est venu de Landunvez pour épouser Marie Jeanne Marzin avec laquelle il a eu dix enfants. Il s’est remarié en 1800 à Plouguerneau avec Marie L’Her originaire de Kerlouan, avec laquelle il a encore eu six enfants. L’Histoire de cette famille, qui a largement fait souche dans la région, se confond ensuite avec celle des familles Soun, Maguer, Nicolas, Provost, Le Ven, Grall, Morant, Herry, et autres Kerbrat.
Pour en revenir à Marie Yvonne L’Hostis, elle a un peu retrouvé ses racines en épousant en 1898 à Lambézellec Yves Roudaut, journalier au port, né à Plouguerneau en 1871 de François Roudaut et Marie Françoise Lesteven. Le couple a eu un fils, Joseph, en 1908. Marie Yvonne est veuve en 1937, elle est donc seule à Loscoat Lambézellec lors des bombardements alliés sur Brest.
Elle n’a pas quitté Brest pendant le siège de la ville et s’est réfugiée dans l’abri Sadi Carnot, devenu un haut lieu de la mémoire brestoise. C’est dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944 que l’abri qui abritait 373 civils brestois, entre 500 et 600 militaires allemands et un important stock de munitions explose dans des circonstances qui n’ont pu être établies avec précision.
De ce tunnel de 560m, reliant la porte Tourville à la rue Emile Zola (près du musée des Beaux Arts) une flamme immense s’est extraite de l’escalier, tel un chalumeau, juste après une puissante explosion. En date du 3 mai 1946, le tribunal civil de Brest a enregistré le décès de Marie Yvonne L’Hostis avec la mention « Mort pour la France ».
2 – Gabriel L’Hostis, matelot de la Combattante
Gabriel L’Hostis est né en 1924 à Ploudaniel et était domicilié en dernier lieu à Kersaint-Plabennec. Ses parents, Sébastien L’Hostis et Aline Marie Le Roy, s’étaient mariés à Ploudaniel, un an avant sa naissance. C’est son arrière grand-père, Yves Claude L’Hostis, né en 1803 à Plouguerneau, qui s’était installé à Kernoues où la famille avait fait souche. Mais tous ses ancêtres, depuis le début du XVIIè siècle sont attestés à Plouguerneau. C’est là qu’est né Louis L’Hostis, vers 1675, un des enfants du couple formé par Jean L’Hostis et Françoise Richard, les plus anciens ancêtres connus de Gabriel L’Hostis.
A l’âge de vingt ans, Gabriel L’Hostis va vivre en direct un événement historique qui va changer le cours de l’histoire. Le 6 juin 1944, il est matelot fusilier sur la Combattante. Ce destroyer anglais mis à disposition des Forces Navales de la France Libre fait partie de la fantastique armada qui arrive sur les côtes de Normandie. Le destroyer se trouve en face des plages de Courseulles-sur-Mer et s’emploie à détruire les batteries côtières allemandes. Il en détruit trois avant d’être légèrement touché à son tour.
Quelques jours plus tard, le 14 juin, c’est ce même destroyer qui est choisi pour mener en France le général de Gaulle qui débarque en France, à Courseulles-sur-Mer pour la première fois depuis près de cinq ans.
Les semaines qui suivent, la Combattante poursuit son harcèlement de la Kriegsmarine notamment entre Le Havre et Dieppe. Dans la nuit du 24 au 25 février 1945, la Combattante participe à une patrouille de surveillance sur la côte est de l’Angleterre à quelques encablures de l’estuaire de la rivière Humber.
Elle heurte une mine de fond avant de se fracasser en deux et de rapidement sombrer. Des 185 hommes d’équipage, il y aura 117 survivants. Gabriel L’Hostis fait partie des 68 morts et disparus. Il a été décoré du Mérite Maritime. Une petite biographie le présente sur un des murs du Mémorial des marins morts pour la France à la Pointe Saint-Mathieu.
Norbert L’Hostis – Version 1 : 18 Juin 2014