Une longue histoire.
1- Des processions…une marche
Les «petits saints de Plouguerneau», au nombre de 40 sont des statuettes de dévotion plantées sur une hampe que l’on porte en procession. En bois polychrome et d’une taille variant entre 30 à 40 cm, ils sont présentés dans deux vitrines dressées au fond de l’église.
La coutume des « petits saints» remonte, selon la tradition , à une épidémie de peste qui sévit dans le pays pagan vers 1640. Le vœu émis à cette occasion incluait trois processions annuelles : le jour de l’Ascension, le dimanche qui suivait cette fête et le lundi de Pentecôte, selon des itinéraires différents.
Le privilège de les porter en procession était naguère mis aux enchères, une pratique qui a disparu dans les années d’après-guerre. Le prix payé comportait le droit à l’acquéreur de conserver le petit saint jusqu’à l’année suivante.
A partir de 1963, ces longues pérégrinations furent remplacées par une procession sur les dunes de Saint-Michel, deux fois l’an, lors de la fête patronale de Saint-Pierre et Saint-Paul et lors du pardon de Saint-Michel, le dernier dimanche de septembre. Pour cette dernière manifestation qui subsiste encore, les statuettes de saints sont portées par les pèlerins qui viennent de rentrer du pèlerinage de Lourdes et de la Salette.
Depuis 1996 la procession des petits saints a retrouvé une nouvelle jeunesse. Le 15 août , après la messe à 10h30 sur le placître de l’église ND du Grouanec, c’est une marche qui s’élance vers la chapelle Saint-Claude, passe par Sainte-Anne, Saint-Laurent, Iliz-Koz et parvient à Saint-Michel vers 17h. Le dernier dimanche du mois d’août, ces statuettes sont aussi portées en procession à Lilia , à l’occasion du pardon .
Marche des Petits Saints 2010 et 2011
2 – Les statuettes :
Une première série cohérente
Dix-neuf des pièces de la série des 40 appartiennent au fond primitif, soit près de la moité de la collection. Elles sont caractérisées par la similitude des bâtons surmontés de plateaux galbés en talon, le profil des socles ainsi que des traits de style communs.
On remarque tout d’abord qu’aucun « saint breton », ni aucun saint local ne figure dans la série ancienne, mis à part saint Yves. Mais on sait que l’avocat des pauvres appartient à l’Eglise universelle depuis 1347 , date d’une canonisation faite en bonne et due forme.
En revanche, douze des personnages de la série d’origine sont mentionnés dans l’antique litanie des saints et constituent des groupes cohérents. La Vierge, saint Joseph et les saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël, ce dernier doublé par l’ange gardien qui mena Tobie au pays de ses ancêtres. Viennent ensuite trois apôtres, Pierre, Paul et Jean l’évangéliste. Puis Etienne, Laurent, les premiers martyrs, et Antoine le fondateur du monachisme chrétien.
Parmi les autres qui constituent la série fondamentale quatre, Christophe, Eloi, Barbe et Marguerite, sont des intercesseurs honorés partout en Occident au Moyen-Age. Deux autres sont des «saints modernes » : François de Sales, canonisé en 1665, 43 ans après sa mort, et Vincent de Paul, béatifié en 1729, canonisé en 1737.
En marge de cette première série on notera une des deux statuettes de Sainte Anne. Unique en son genre, son style l’apparente au baroque, un baroque de qualité.
Cet ensemble, oscillant entre le style classique et le style baroque, ne paraît pas remonter à la date du vœu lui-même ; on peut raisonnablement les dater des environs de 1740. Ceci n’exclut évidemment pas l’existence des processions liées au vœu, qui ont été accomplies des années durant avant que ne s’introduise la coutume d’y annexer le port des statuettes.
Un second ensemble hétéroclite
Les autres pièces, une vingtaine, forment un ensemble plus récent et moins cohérent que le premier. Saint Herbot (?) , saint Jean-Baptiste, saint Pierre proviennent des ateliers de Landerneau ou Saint Pol de Léon, féconds vers la fin du XIXè siècle .
Les statuettes du XXè siècle sont reconnaissables. Les noms portés par quatre statues à socles ronds ont des graphies qui se ressemblent : saint Claude, saint Goulven, saint Hervé et saint Pol de Léon.
Du siècle dernier datent aussi, Jésus, Notre-Dame de la Clarté, saint Joseph ouvrier, une seconde sainte Anne et saint Fiacre, saint Patrick, unique en son genre, offert par le comte Maurice de Poulpiquet lors de la naissance d’un fils en 1953(*). D’autres ont rejoint plus récemment la cohorte : Dom Michel Le Nobletz (1998) et le Père Maunoir (2002) qui ne sont pas canonisés, Notre Dame du Traon (1999), saint Augustin et saint Gouesnou (2000), saint Jean Bosco (2003), Jeanne Jugan (2004).
(*) Rectification de Monsieur Patrick de Poulpiquet
3- En lien avec l’église locale et l’église universelle :
Les petits saints sont en relation avec des lieux de culte dispersés dans la paroisse. Ainsi seize d’entre eux se rattachent à autant de lieux de culte, chapelles toujours debout, d’autres réduites aux périmètres de leurs murs arasés, d’autres encore disparues depuis un certain temps, mais dont le souvenir est vivace.
On voit ainsi que, chaque quartier de Plouguerneau ayant sa chapelle, il y avait nécessité d’avoir une réduction de la statue du saint patron pour participer aux processions collectives. Ambassadrices des quartiers, certaines statuettes sont ainsi venues au fil des années étoffer le groupe primitif plus universel que local.
A deux pas de la chapelle ruinée de Sainte-Marguerite on conserve précieusement une statuette, curieusement restaurée, de saint Jean-Baptiste du XVIIIè siècle, destinée à participer aux processions. Cependant, on constate des vides en ce qui concerne certains lieux de culte disparus. Les chapelles Saint-Evennec, Saint-Kava, Saint-Kenan sont détruites. On aurait donc pu s’attendre à les retrouver dans nos vitrines.
Parmi les chapelles toujours debout, il y a Saint-Laurent, Saint-Claude, Prat-Paul, Sainte-Anne, Notre-Dame du Val (au Traon), Saint-Joseph au château de Lesmel, Saint-Michel. Parmi les chapelles disparues dont témoignent certaines statuettes, il y a Chapel-Christ, Sainte-Marguerite et Saint-Antoine.
Quant à saint Herbot et saint Hervé, il n’y avait pas, semble-t-il , de chapelle qui leur fût dédiée. Mais il fallait honorer ces deux personnages populaires invoqués pour la protection des bêtes à cornes et les maux d’yeux.
Les statuettes représentant le Père Maunoir et Dom Michel le Nobletz, né à Kérodern , rappellent le souvenir des initiateurs des missions bretonnes, mode d’évangélisation né
au 17è S. dont ils ont été des acteurs ardents dans notre région.
D’autres statues, témoignent de l’ouverture sur le monde .
Saint Patrick élargit désormais la dévotion plouguernéenne aux rives de l’Irlande tutélaire, le foyer d’une évangélisation et d’une culture qui n’a pas été sans ignorer les rivages armoricains; saint Augustin, né en Algérie, lutta contre les hérésies et fut un grand prédicateur. Saint Jean Bosco, éducateur et fondateur des Salésiens, Jeanne Jugan, récemment canonisée, invitent à porter attention aux petits et aux pauvres à travers le monde.
D’après un article de Y- P Castel
Ré-actualisation en 2011 par la paroisse de Plouguerneau
Texte rédigé par l’équipe paroissiale
Dom Mikael an Nobletz |
Jeanne Jugan |
Julien Maunoir |
Saint Claude |
Saint Paul de Léon |
Saint Goulven |
Ange Gardien |
Saint Patrick |
Saint Paul |
Santa Maria |
Vierge Marie |
Notre Dame |
Saint Pierre |
Jésus |
Saint Christophe |
Sainte Anne |
Saint Jean |
Sainte Marguerite |
Saint Vincent de Paul |
Saint Jean Bosco |
Saint François d’Assise |
Saint Jean Baptiste |
Saint Gabriel |
Saint Michel |
Saint Yves |
Saint Hervé |
Saint Antoine |
Saint Joseph |
Saint Laurent |
Saint Etienne |
Saint Augustin |
Sainte Anne |
Sainte Barbe |
Saint Eloi |
Saint Fiacre |
Saint François de Sales |
Saint Herblot |
Saint Joseph |
Saint Raphaël |