Le commerce du vin entre les Pays des Abers/Pagan et le sud-ouest du royaume de France aux Temps Modernes (1).

Kergadavarn, le 28 Février (Jean-Pierre Hirrien)

Les littoraux du Pays des Abers et du Pays Pagan présentent des dispositions naturelles favorables à l’implantation de ports commerciaux : une côte découpée avec de multiples criques, baies ou anses, deux abers.

Quelques documents, la toponymie, les vestiges archéologiques du cimetière d’Iliz Koz, à Plouguerneau, et du couvent des Anges de Landéda laissent supposer ou attestent l’existence autrefois de havres ou de petits ports pour le cabotage, et par conséquent de relations commerciales avec le reste de la Bretagne et le sud-ouest de la France (2).

Le couvent des Anges à Landéda contient sur l’une de ses façades un blason en kersanton, doté d’une nef voguant en pleine mer portant une dédicace « aux marins de Penmarc’h » qui témoigne des liens mercantiles entre le Léon et la Cornouaille. Le navire de forme arrondie supporte à la proue un château à deux étages, une ancre au bossoir, et à la poupe un autre château muni de fenêtres. Le gréement comprend un bout-dehors, un grand-mât, un hunier, des haubans (XVe-XVIe siècles).

L’étude des flux commerciaux entre les Pays des Abers/Pagan et les zones d’approvisionnement en vins de Nantes, de La Rochelle et du Bordelais, amène certaines interrogations concernant les habitudes de consommation des boissons alcoolisées des habitants et les moyens employés pour satisfaire leurs besoins.

La consommation d’alcools en Bretagne aux Temps Modernes.

Si en 1788, les Bretons consomment avant tout du cidre (en Bretagne centrale et orientale les pommiers dominent et la taxation est plus faible), de la bière (dans les villes portuaires), alors que le vin représente un peu plus du tiers de la consommation. Les eaux-de-vie et liqueurs sont marginales du fait de la lourdeur des taxes et d’une législation sociale discriminatoire du Parlement de Rennes qui, en 1735, interdit, de s’approvisionner en eau-de-vie en deçà de 20 L.T.* de capitation*.  Les Bretons se tournent avant tout vers du vin originaire du Bordelais (Grave, Médoc, Saint-Emilion, Blaye, Bourg, Entre-deux-Mers). Le vin issu de Bordeaux rejoint à 50% la Bretagne, soit 11 millions de litres en 1787. Ils boivent également du vin de Charente, Aunis, Saintonge et des vins de Loire (Anjou, Touraine). On n’oubliera pas l’achat assez rare de vins (blancs) du Pays Nantais moins chers et de vins bretons médiocres (Guérande, Rhuys).

Le Port de Brest au XVIIIe siècle (Van Blarenberghe) reçoit des quantités de vin appréciables, destinées à la population civile ainsi qu’à la Royale et aux ouvriers du port. Au XVIIIe siècle, Brest importe 6 à 7000 tonneaux de vin de Bordeaux avec des pointes à 10.000 tonneaux, auxquels s’ajoutent des vins de Saintonge et des Pays de Loire. Sur les quais de la cité du Ponant le vin destiné aux équipages est embarqué sur les navires de la Royale. Le travail est effectué par des bagnards (reconnaissables à leurs bonnets rouges ou bleus) ou par des portefaix. La roue, actionnée par un homme placé à l’intérieur du tambour facilite le travail de manutention. A bord, les marins se contentent de petits vins mais les officiers apprécient les vins de qualité. Les vins de Saintonge sont servis en premier aux marins puis viennent ensuite ceux de Bordeaux qui tiennent mieux la mer.

Vins et alcools reflètent les différentes composantes de la société d’Ancien Régime. Ils constituent un marqueur social.

Les ecclésiastiques, les nobles, et les bourgeois achètent des vins de qualité (Graves, Saint-Emilion, Margaux, Pauillac, Médoc) que l’on goûte entre gens de bonne compagnie lors des réceptions et autres fêtes. De plus, ils ne négligent pas les alcools forts et eaux-de-vie. Ils disposent de lieux de conservation dans leurs maisons, manoirs ou châteaux et achètent leurs vins en barriques.

Ainsi à la fin du XVIIIe siècle, l’IADC* du recteur de Plouguerneau Denis de Lesmel révèle la présence de deux barriques de vin (blanc et rouge) dans son cellier.

Les communautés religieuses, telle celle des moines de Notre-Dame des Anges à Landéda sont de grosses consommatrices de vin. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les 18 moines évaluent leurs besoins à 40 pipes*. Impressionnant ! Elles correspondent à leur consommation personnelle, à celle de leurs 6 domestiques, au vin de messe, et aux demandes des gens de passage car le couvent accueille ses bienfaiteurs mais également des voyageurs et malades qui viennent profiter du « bon air » et du vin réparateur. Les religieux sont avantagés au niveau des taxes et défendent leurs privilèges de franchises. Ils envisagent d’envoyer un émissaire en Anjou afin de prospecter et commander du vin (3)                                                                                                                                        

Joseph Guéguen, meunier au Zorn (Plouguerneau), décède en 1775. Ses biens sont estimés à 2359 L.T., somme rondelette pour l’époque. Dans sa cave sommeille une barrique de vin. Il doit 96 L.T pour celle-ci à François Cabon, notaire royal.

Cellier à vin (manoir de Trébabu, Photo B. Le Bec)

Dans l’ouest breton et donc en Pays des Abers/Pagan, le peuple se satisfait de vins à petits prix, souvent primeurs, légers, et de breuvages frelatés ou coupés. Le vin s’impose dès le Moyen-Âge car la rareté des pommiers et poiriers n’oriente pas les habitants vers le cidre ou le poiré. De plus, les routes des vins longeant nos côtes facilitent les approvisionnements. Les consommateurs se rassasient de petits blancs (de Blaye, de Bourg, nantais), moins chers et quelconques, sans délaisser les vins rouges, « vins bien couverts haut, très noirs », souvent de Blaye, de Bourg et des Charentes. La bière en bouteille ou « pissat de jument » (staot kazeg) et le cidre servi en pot* sont moins prisés.

La Bretagne compte de nombreux cabarets et tavernes. L’interdiction d’avoir une barrique de vin à résidence en deçà de 5 L.T. de capitation (à Lorient et Brest par exemple) explique en partie le phénomène. Dans les villes la concentration est conséquente : à Brest 80 débits assurent la diffusion des alcools, tandis qu’à Nantes ils sont 286.

En 1787, dans 18 directions de la Ferme des Devoirs* on en recense 4.400, soit une moyenne de 331 par direction.

Dans les campagnes les traces de cabarets et auberges ne manquent guère.                                               

Au XVIIIe siècle, au bourg de Plouguerneau, l’aubergiste René Le Got tient boutique. Les ecclésiastiques notent dans les registres paroissiaux quelques décès par accidents dans son estaminet. Résultat vraisemblablement d’excès de boissons !

En 1756, Christophe Laot, installé au bourg de Plouguerneau s’inquiète de la sollicitude du « fermier général des impôts » de Lesneven (de la Ferme des Devoirs) et de ses deux sbires qui le surveillent et le toisent de haut. Son vin doit être « bon, loyal et marchand » et non trafiqué. Le trio visite la cave et le chai, contrôle le livre de comptes (paraphé par un juge royal local) et vérifie sa concordance avec les 21 barriques présentes. En effet, certains cabaretiers vendent des vins sous de fausses appellations afin de payer moins de droits. Outre les contrôles sur ses marchandises, le tenancier doit fournir au fermier un bénéfice* lors de l’adjudication pour la tenue de son établissement.

Avant la Révolution, les alcools sont des produits fortement taxés. Aux prix à l’achat, il faut ajouter le transport vers les ports et les multiples taxes. Celles-ci comprennent les droits de sortie, d’entrée dans les ports, les droits de la Ferme des Devoirs (Grand Devoir, Petit Devoir, les Billots pour les vins au détail). Une partie des taxes sur les alcools et vins revient aux Etats de Bretagne*. L’impôt frappe inégalement les boissons : les alcools forts bien plus que la bière ou le cidre. Les vins hors du cru (extérieur à la province) davantage que ceux du cru (de la Bretagne). Le montant total des taxes est lourd : 33% du prix de vente au détail. Ceux qui ont les moyens achètent « en gros » afin d’alléger l’imposition.

Les IADC nous laissent découvrir des portraits assez surprenants de nobles qui s’adonnent au commerce du vin. A Plouguerneau, la famille de Kervern ou Kerven est de ceux-là. En 1734, une dame de Kerven se déclare commerçante en boissons et acquitte 18 L.T. de capitation.

Au milieu du XVIIIe siècle, Marie-Anne Bonaventure Le Pape de Lescoat, épouse de l’écuyer Messire Toussaint-Marie de Kerven de Kersulec, s’affaire dans son débit de boisson à Plouguerneau. En 1772, Charles-René de Kerven résidant au manoir de Tréongar, marchand au passage sur l’aber Wrac’h, s’enrichit dans le négoce du vin. Sa fortune s’établit à 7586 L.T. Notable et noble, capitaine aide-major, il commande le bataillon d’infanterie des garde-côtes de Lesneven, rattaché à la 10ème capitainerie de l’Amirauté de Brest. Il parade en « uniforme » composé « d’un habit veste et culotte d’ordonnance garde-cotte ».                                                                                   

En mai 1793, à Plouguerneau, la veuve Grignou dirige, en compagnie de sa nièce, une auberge qui sert de plaque tournante à la vente de marchandises volées à bord du Garlinque, prise irlandaise d’un corsaire français.

Selon A. Nicolas, les patentes de l’an VI (1797/98) concernent 4 hommes et une femme aubergistes à Plouguerneau, auxquels s’ajoute un cabaretier. A Guissény les aubergistes se chiffrent à trois.

En 1851, la profession liée à la vente d’alcools à Plouguerneau explose : 11 aubergistes, 2 cabaretiers et 5 femmes cabaretières sont recensés.

O. Perrin, l’auberge à Quimper

Dans les auberges le vin est conservé dans des barriques ou des tierçons* et mis en bouteille (tronconiques et larges d’épaules, en verre ou en terre). Il est servi également en pichets de terre ou d’étain et en chopine. Des bouchons en liège permettent la mise en bouteille qui se développe peu à peu lors de l’arrivée des cargaisons en Bretagne. Ils assurent une meilleure conservation des vins. La barrique bordelaise est estimée à 225 litres, celle de la Ferme à 223 litres. En 1788, le prix moyen d’un pot de vin breton est d’une L.T. 18 sols et de 10 sols à une L.T. pour le vin nantais, sachant que le salaire journalier d’un manouvrier tourne au mieux autour d’une L.T. ! Le vin provenant de l’extérieur de la province coûte en moyenne d’une à deux L.T. Le prix élevé du vin chez les débitants doit interpeller les consommateurs. Il faut signaler que dans les villes les prix sont majorés d’octrois ce qui pousse les consommateurs à se rendre dans les cabarets localisés dans les faubourgs afin de payer moins cher leurs consommations. Il est plus avantageux de consommer au Folgoët qu’à Lesneven.

Bouteille en verre du XVIIIe siècle. (N. Mainet-Delair) 

La qualité du vin reçu par les aubergistes est souvent problématique. Dans les années 1780, un aubergiste de Saint-Renan, Lavigne (le bien nommé !), se plaint souvent dans ses courriers aux négociants de Bordeaux et de Blaye de leurs livraisons. Des bateaux de Laberildut, d’Audierne, de Dieppe, d’Argenton assurent le transport. L’aubergiste commande du vin de Libourne, de Blaye (rouge et blanc), certes de qualité et qualifié de « bon, de bon goût », mais de temps à autre « médiocre, vil qui se peut avec de la liqueur ». Parfois, il menace de suspendre ses commandes. Il réclame un bon conditionnement du vin dans les futailles et de contacter des assurances auprès du fournisseur/négociant (4).

Les auberges et cabarets sont des lieux festifs où les Bretons aiment se distraire et boire. Tout au moins quand ils en ont les moyens. Certains le font raisonnablement, d’autres sombrent dans des excès dénoncés par exemple par Dom Michel Le Nobletz dans ses taolennou. Dans la carte des exercices quotidiens le notable, bien vêtu, déguste à domicile, tandis qu’à l’auberge l’ivrogne s’endort à table.

L’ivrognerie est stigmatisée dans l’enquête sur la mendicité en 1774 (5). Elle serait l’une des principales raisons de la pauvreté des Plouguernéens et des Léonards. Il y a lieu de s’étonner car les prix des vins et alcools auraient dû rendre ces breuvages peu accessibles. A l’aube de la Révolution, le Bas-Breton pratique éventuellement l’ivrognerie dominicale et fériale à base de vin et de cidre. Lors des foires et troménies (pardons) l’exonération ou la minoration des taxes qui incombent aux marchands ambulants pousse à la consommation de cidre et d’eau-de-vie. Mais dans la vie de tous les jours, il consomme du lait et de l’eau. La preuve que la grande masse des paysans n’abuse pas de boissons alcoolisées au quotidien se trouve dans les IADC. Il n’y a qu’exceptionnellement des mentions à ce sujet.

Sablière d’église évoquant l’ivrognerie (église du Grouanec)

Sablière d’église évoquant l’ivrognerie (église du Grouanec) : frise de l’ivrognerie en bois de chêne polychrome. On y voit un porc, une clé dans le museau, devant une barrique ou un tonneau. Un homme tient la queue du porc d’une main et de l’autre tend un pichet à son camarade qui lui rend la pareille en lui offrant un verre de bière.

Une autre catégorie sociale s’abandonne à l’ivrognerie : le clergé. En Léon, une enquête pointe du doigt 75 religieux ! (6).  

Les pasteurs sont « épris de vin, s’oublient dans le vin, ont des excès de vin ». En 1759, Denis de Lesmel, recteur de Plouguerneau, se plaint de ce prêtre qui « a passé presque la dernière année dans une crapule et une ivresse perpétuelle ». En 1762, il récidive « disant la messe en mauvais état, c’est-à-dire plein de vapeurs bachiques qui fait sa passion dominante et scandaleuse ». Il est connu pour « son insubordination, l’irrégularité de ses mœurs. Il est indigne de porter les surplus de l’Eglise ». Il fréquenterait une demoiselle dont le mode de vie est dissolu. Peut-être est-ce Jeanne Breton du bourg, dont le nom apparaît trois fois dans les registres des baptêmes pour trois naissances d’enfants, sans mari ! Le comportement scandaleux de l’ecclésiastique serait attribué à François-Marie de Kervern, décédé à 47 ans, en 1770.

La situation changera lors de la Révolution : la destruction des réglementations d’Ancien Régime entraîne une diminution notable des prix des eaux-de-vie. Alors, la « liqueur meurtrière » ou « gwin ardant » se répand chez les Bas-Bretons et l’ivrognerie se généralise. On boit de plus en plus à l’issue des marchés, des foires, des pardons, des offices religieux…

Le repas du baptême (Olivier Perrin)

Le repas du baptême (Olivier Perrin) illustre l’ivrognerie festive. Dans une auberge rustique, la cérémonie du baptême à l’église achevée, le jour même ou le lendemain de la naissance du bébé, l’assemblée comprenant le parrain, la marraine, le père du nouveau-né (au centre), mais pas la mère qui reste au foyer et doit se soumettre à la cérémonie des relevailles, s’installe pour les libations. On consomme omelettes, fouaces ou gâteaux plats, du poisson (mangé par le chien !) et du pain blanc. Il n’y a pas de fourchettes mais des cuillères. On boit du vin fort (ici de Cahors et de Marennes) dans deux ou trois verres qui servent à tout le monde. Le sonneur de cloches (celui qui porte des clefs … et le bébé) est ivre. La sage-femme (à gauche) est encouragée à boire par son conjoint. A droite, des parents sont hilares. 

Le vin se classe dans la catégorie des boissons, mais il est également considéré comme un fortifiant et un médicament que l’on absorbe en cas de maladie. En 1780, René Guiavarc’h, décède au Grouanec en Plouguerneau. Il doit 6 L.T. à un aubergiste de Kernilis qui lui a livré du vin pour se soigner.

                                                       Les ports qui reçoivent du vin.

La Basse-Bretagne ne disposant pas de vignobles et ceux de Bretagne produisant des vins médiocres destinés aux populations locales, dès lors les approvisionnements en vin des Pays des Abers/Pagan proviennent avant tout du sud-ouest du royaume. Les caboteurs locaux ou d’autres ports bretons se chargent d’acheminer vers l’aber Benoît, l’Aber-Wrac’h, le Paluden (Lannilis/Plouguerneau), Plouguerneau/Le Korejou, le Kernik (Guissény) et Pontusval leurs précieuses cargaisons.

                                                                  L’Aber-Wrac’h.

Entre 1445 et 1520, le port de l’Aber-Wrac’h envoyait une vingtaine de navires à Bordeaux et se hissait au douzième rang des ports bretons par le nombre de bateaux fréquentant la ville du sud-ouest(7).                                                                                                                         

Au XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe siècles, il semble que les caboteurs locaux ayant fréquenté Nantes ou Bordeaux soient peu nombreux (8). A Nantes : en 1556 : un navire de l’Aber-Wrac’h ; en 1566-67 et en 1595-96 : aucun bateau ; en 1631 : 5 navires de l’Aber-Wrac’h. A Bordeaux : en 1640-47 et en 1661 aucun navire. Selon J. Tanguy les importations de vin nantais sur la côte nord du Léon sont infimes. Le défaut de qualité de ce vin en est l’explication d’autant que d’autres vignobles du sud-ouest et du Val de Loire présentent des garanties de goût et de conservation appréciables.

Pourtant, en 1661, une armada de petits caboteurs alimente la Bretagne en vin « clairet » de Bordeaux. En Léon, Laberildut/Argenton, Le Conquet, Roscoff, Landerneau envoient près de 200 bateaux à Bordeaux. Ailleurs, Audierne et les ports de l’actuel Morbihan entretiennent des relations commerciales soutenues avec le port girondin.

A la fin du XVIIe siècle, quelques navires se dirigent vers Bordeaux.

Les archives livrent pour l’Aber-Wrac’h, en 1698, la Marie-Joseph, 20 Tx, comprenant un équipage de 3 ou 4 hommes et un ou deux « garçon(s) » (mousse(s), commandée par Barthélemy Buzic ou encore, en 1699, l’Espérance, 15 ou 20 Tx, capitaine Mathieu Le Hir.

Barque bretonne (N. Ozanne), à voiles carrées.
Barque bretonne (N. Ozanne), à voiles carrées. Dans la première moi- tié du XVIIIe siècle, le tonnage moyen d’un caboteur des Abers/Pagan s’établit à 35 tx pour 17 indications de tonnages. En 1787, sur 6 navires qui quittent Bordeaux la moyenne est de 48 tx pour l’Aber-Wrac’h et de 28 tx pour l’aber Benoît. Les faibles tonnages correspondent à la modestie des marchés de consommation des arrières pays.
Dans la première moitié du XVIIIe siècle, à l’Aber-Wrac’h, 98% des ba-teaux sont des barques à un ou deux mâts, de formes ramassées. Ils peuvent être pontés. Il existe également des chaloupes et des chasse-marées. Ils portent « une croix noire ou kroaz du en haut de leur mât, comme le font les Bretons en temps de paix et en temps de guerre » (9).
Les navires originaires des deux Pays naviguent isolément, à la
différence des ports de plus grande envergure dont les unités se regrou – pent pour des raisons sécuritaires. La faiblesse de la « flotte » commer- ciale en est l’explication.
Alors, les embarcations ne nécessitent que des équipages de trois à cinq hommes, rarement plus. Le maître embarque un ou deux matelots et un garçon. Le règlement de 1727 impose un mousse (ou jeune garçon) dès que l’équipage se compose de trois matelots et un novice dès qu’un
caboteur Jauge 25 tonneaux. Le règlement de 1745 oblige à recruter un novice pour quatre hommes d’équipage.                                                                              
En fait, par ces dispositions, le cabotage constitue une école de formation des matelots. La chaloupe ne dispose que de trois marins : le maître, le matelot et un mousse.                                                                       .                     
 La navigation la plus active des caboteurs se déroule au printemps, mais également en octobre/novembre afin de rechercher le vin primeur (de ville et du haut pays), issu des vendanges et coïncidant avec la grande foire bordelaise. Ces caboteurs voguent en droiture, c’est-à-dire pratique-ment sans escale ou de port en port et à proximité des rivages.
Les fortunes de mer (tempêtes, accidents ou incidents) émaillent ces voy-ages. Le 4 novembre 1788, René-François-Marie Riou et Hervé Le Dau- phin, novices à bord du bâtiment la Marie-Françoise de Perros en « Bas-se Bretagne », signalent, au greffe de la Rochelle, la disparition du maître de barque T.Tassel et de Jean-François Langlais de Perros « absents du na-vire depuis le 18 septembre 1788 ». Sans doute se sont-ils noyés. Leurs har-des feront l’objet d’inventaires (10).                                                 

En 1699, les expéditions de vin de Bordeaux vers l’Aber-Wrac’h sont médiocres (moins de 100 tonneaux).

Les bateaux recensés en 1698 réapparaissent à Bordeaux à trois reprises en 1700/1701 pour acheter des barriques de vin et d’eau-de-vie (11). Leur cargaison est débarquée à l’Aber-Wrac’h ou dans d’autres ports bretons (Port-Launay, Morlaix). Les deux navires paraissent bien esseulés et témoignent d’une faiblesse certaine de l’implication des armateurs des Pays des Abers/Pagan dans leurs relations commerciales avec les ports girondins par rapport aux centaines de bateaux recensés de l’Île d’Yeu, du golfe du Morbihan, de Laberildut/Argenton. Outre le vin, Barthélémy Buzic transporte occasionnellement du savon, de la cire et du lard vers Bayonne.

L’indigence des flux doit être reliée au contexte des guerres. Les statistiques des relâches des bateaux dans le port de l’Aber-Wrac’h confirment l’atonie du port (12). Le « trafic » vers le port ou d’autres destinations de navires en relâche est quasiment nul (1693-97) ou inconsistant (1704-1706). D’octobre 1706 à septembre 1707 le port ne reçoit que 25 tx de vin ! Deux guerres marquent la ligne du temps : la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1686-97) et celle de la Succession d’Espagne (1701-1714). Le commerce maritime en Manche subit de plein fouet les attaques des corsaires hollandais et anglais.

1693 : 6                                                                                         1700 : 87
1694 : 6                                                                                         1704 : 45
1695 : 9                                                                                         1705 : 49
1696 : 15                                                                                       1706 : 24
1697 : 12                                                                                       1707 : 58
1698 : 66                                                                                       1708 : 148
1699 : 78

La fin des guerres louisquatorziennes et la mort du roi soleil amorcent une certaine reprise du trafic et des liaisons en direction de Bordeaux.

En 1718, les navires originaires de l’Aber-Wrac’h et quittant le port de Bordeaux avec des cargaisons de vin se chiffrent à sept. (13)

En  juin, la Françoise, 25 Tx ; en septembre, la Serverne, capitaine Pierre Raffin, 9 Tx, 4 hommes ; en octobre, la Geneviève, capitaine Jean Buziek 18 Tx, 4 hommes, pour l’Aber-Wrac’h ; le Saint-Joseph, capitaine Marc Amelot, 4 hommes, 18 Tx, pour Dublin ; la Marie-Joseph, capitaine Guillaume Buziek, 16 Tx, 4 hommes, pour Saint-Pol-de-Léon ; la Françoise, capitaine Jean Bizien, 4 hommes, 22 Tx ; la Marie-Françoise, capitaine Jean Marzin, 25 Tx, charge de la poix pour Brest ; en décembre la Notre-Dame des Anges, capitaine Henry le Pors (de Lilia), 20 Tx, 4 hommes, pour Saint-Malo ; la Marianne, capitaine Guillaume Paluen, 18 Tx, 4 hommes, pour Morlaix.

En 1721, 14 navires de l’Aber-Wrac’h auraient gagné Bordeaux.

La repise du trafic est corroborée par les relâches des années 1717 à 1724 (de 131 à 184) et la délivrance de congés et de passeports (de 35 à 76) au port oblique* de l’Aber-Wrac’h.                                                             

Les congés et passeports délivrés aux capitaines et maîtres         Les déclarations de relâche de bateaux de barques du port de l’Aber-Wrac’h (de 1714 à 1724) (14).

Les congés sont délivrés pour un an pour le cabotage entre les ports de Bretagne par les membres de l’Amirauté de Léon dont le territoire côtier s’étire de la rivière de Morlaix à l’embouchure de l’Elorn. Pour aller hors de Bretagne ils sont obligatoires à chaque voyage (15).

Le relevé des congés (sur 10 années) permet de se représenter l’importance du port. Le total de 531 fournit une moyenne de 53 congés par an.

Le tableau suivant fait le point sur la flotte du port de l’Aber-Wrac’h et de l’aber Benoit dans la première moitié du XVIIIe siècle (1724-1743) (16).

tableau-flotte-aber

 

Ils sont dix-sept (dont quatre de l’aber Benoît) à évoluer surtout dans l’Atlantique. La Marie-Joseph est notée trois fois, mais il doit s’agir du même bateau. La Marie-Françoise et la Françoise-Marie deux fois.  

Les archives de l’Amirauté de Guyenne confirment la présence à Bordeaux de certains caboteurs notés dans le tableau précédent(17).

C’est le cas de la Marie-Françoise (en novembre 1744 et en août 1745, en février 1746, en avril 1746, en janvier 1747, en juillet 1747, en janvier 1748, en mars 1749, en mai 1749), 24 Tx, capitaines Joseph et Jean Marzin, quatre ou cinq hommes, transportant du vin de Blaye pour Morlaix à neuf reprises ; de la Marianne (Marie-Anne sans doute), capitaine Olivier Poulaouec ou Nicolas Herne, 36 Tx, 5 hommes, livrant, en avril 1745 et mai 1747, du vin de Blaye à l’Aber-Wrac’h et à Saint-Malo ; de la Notre-Dame des Anges, en octobre 1745, mai 1749 et octobre 1749, 60 Tx, capitaines Y. Uguen ou N. Briller, six ou sept hommes, avec du vin de Blaye pour Kernik et Brest. Au dernier voyage le navire est sur lest pour La Rochelle. Curieusement la Marie-Joseph n’apparaît qu’une fois en octobre 1749 (est-ce le même navire que dans les années 1724-38 ?). Commandé par le capitaine Joseph Marzin, le bateau jaugeant 30 Tx, est monté par cinq hommes qui débarquent du vin à Saint-Malo.

Deux autres caboteurs de l’Aber-Wrac’h sont mentionnés : en octobre 1745, la Marie, 40 Tx, capitaine Olivier Poulaouec, 5 hommes, avec une cargaison de vin pour Morlaix, et en avril 1749, la Marie-Marguerite, 40 Tx, capitaine Yves-Michel Corrick, 6 hommes. Il rejoint l’Aber-Wrac’h.

Malgré tout, en 1745, les tonnages de vin acheminés vers l’Aber-Wrac’hse situent sous la barre des 100 tonneaux (plus de 5000 tx à Brest) (18).

En 1787, quatre navires de l’Aber-Wrac’h et deux autres originaires de l’aber Benoît (dont la Marie-Jacquette, capitaine Nicolas Lucas pour Pontusval,) quittent Bordeaux avec du vin. Pour moins de 100 tx ! . Deux autres de l’Aber-Wrac’h se rendent à Blaye. En comparaison, 26 caboteurs de l’Aberildut, 23 d’Argenton et 37 du Conquet ramènent surtout du vin de Bordeaux vers la Bretagne du nord-ouest.

Le bilan du commerce maritimelié au vin à l’Aber-Wrac’h est contrasté. Indéniablement les guerres de Louis XIV ont pesé à la fin du XVIIe et au début du XVIIe siècles. Dans les années 1710-20, le redémarrage du trafic permet le renforcement des liaisons commerciales en direction du sud-ouest de la France. Dans les années 1730-40 une flotte honorable se localise dans les deux abers. Les caboteurs se dirigent avant tout vers Bordeaux, puis La Rochelle et moins vers Nantes. Le vin est livré à l’Aber-Wrac’h, mais également à Brest, Morlaix, Roscoff, Saint-Pol-de-Léon. Selon H. Kimizuka, l’Aber-Wrac’h fait partie, en compagnie de quelques ports du nord-ouest du Léon, des ports de service pour le transport des vins de Bordeaux. Port-Launay et Saint-Malo complètent la liste qui ne comprend guère de destinations étrangères (Dublin). Le Croisic est mentionné plusieurs fois. Les caboteurs doivent pourvoir en sel les ports morutiers (Saint-Malo, Honfleur, Bordeaux, La Rochelle). A la veille de la Révolution, les liaisons vers le sud-ouest viticole sont toujours avérées mais paraissent perdre en intensité.

Le Paluden.

Au Paluden, la présence de marchands de vinlaisse supposer la possible livraison de vin par des caboteurs locaux ou du royaume de France.

En octobre 1766, côté Plouguerneau, un marchand en gros, Jean Le Roy, domicilié « au passage », reçoit à Brest une commande, passée à Jean Barriou, négociant à Blaye. Il débourse la coquette somme de 945 L.T. pour le précieux breuvage entreposé chez A-René Pichon l’un des 54 marchands de vin ou négociants de la cité du Ponant. Sieur Leroy transportera sans doute le vin par charrette jusqu’à son cellier (19).                                                                                                                                   

Joseph Jourdain et François Le Hir, marchands de vin et armateurs bien connus à Lannilis, logeraient et détiendraient un entrepôt au Cellier Blanc, au Passage/Paluden, côté Lannilis. Le vin déchargé des navires de Jourdain et Le Hir doit y être stocké. Le mystère demeure concernant l’appellation d’autant plus qu’il existe un autre Cellier Blanc près de l’aber Benoît ! 

Un ensemble bâti, rive gauche à proximité du port actuel, formé de trois corps de bâtiments et d’un mur d’enceinte, paraît représentatif de l’habitat des négociants/armateurs du XVIIeme. Cossu, il rappelle les codes d’architecture des maisons de Lanildut/Argenton/Porspoder. Aux matériaux nobles (granit et ardoises) s’ajoutent des cheminées avec couronnements, des portes en anse de panier… Un détail confirme l’activité du propriétaire des lieux : une petite fenêtre à l’étage donne sur la mer et permet à l’armateur ou au maître de barque de surveiller l’arrivée des navires.

Plouguerneau/Korejou.

              A Plouguerneau, les caboteurs se basent au Korejou, à Perros, et peut-être au Paluden.

Si l’on suit le témoignage de Cambry,leKorejou apparaît comme une destination pour recevoir du vin du sud-ouest.    

« Le commerce du Corréjou consiste en sel, vins, ardoises, charbon-de-terre, huile et savon : on y chargeait des fûts vides pour Bordeaux, La Rochelle et l’île d’Oléron ».

Nous disposons de statistiques de 1717 à 1724 sur les bâtiments qui relâchent dans le port du Korejou(20)

 PlouguerneauLe Conquet
171733 
171829 
171943108
172035134
17212786
172221 
172314 
172413 (janvier au 21 novembre 
 moyenne annuelle 26 (150 Aber -Wrach) 

Les comparaisons avec les ports de l’Aber-Wrac’h et du Conquet témoignent d’une faiblesse de la fréquentation du port par les caboteurs locaux ou extérieurs aux Pays.


Chasse-marée (N. Ozanne)

Chasse-marée (N. Ozanne). Le caboteur revient chargé de vin conditionné en barriques, en merrains, en fûts ordinaires, en doubles futailles, en tierçons ou en tonneaux* ou alors se dirige-t-il vers le sud-ouest avec « des futailles vides ». A l’aller les navires naviguent sur lest (à vide) ou embarquent des produits issus de l’agriculture (fèves, beurre, lard, céréales), des toiles ou crées*, du poisson. Ils peuvent entrer dans le règlement d’achat de vin. Par un acte d’obligation de 1663, Alain Bertoulous, maître de barque, agissant en son nom propre et pour ses deux frères et associés : Jean et François, demeurant au lieu Poul du Val, en Plounéour-Trez, déclare devoir à Etienne Bureau, sieur de La Morinière, marchand à la Fosse de Nantes, 122 L.T. pour le solde de quatre tonneaux et demi de vin blanc et rouge nantais. Alain Bertoulous, en échange lui a livré de l’orge. Pour la transaction, il utilise les services d’une tierce personne, Michel Ralier, maître de barque de l’île d’Ars, qui lui sert d’interprète, car il ne parle pas le français (21). Il est possible de régler en liquide pour de petites quantités et en billet de change ou en lettre de change* pour des commandes plus importantes. Les fournisseurs de vin prennent un certain nombre de précautions pour que leurs clients acquittent leurs commandes. En 1766, Jean Barriou de Blaye se fait représenter (par une procuration) au Présidial de Brest par A-René Pichon, marchand, afin que Jean Le Roy de Plouguerneau honore une dette de 745 LT. 15 s.

En fait, il y a fort à penser que le Korejou se présente comme un petit port d’échouage, quasi endormi qui ne se réveille qu’épisodiquement avec la venue d’un ou deux bateaux, telle la Marie-Yvonne laquelle cabote dans les années 1730-40, sous la houlette de Y. Le Gal.

A Perros deux caboteurs sont signalés en 1784 (22) : la Marie-Françoise, 30 Tx, capitaine T. Tassil (noyé ainsi qu’un matelot en septembre 1788), et le Dauphin, 20 Tx, capitaine J. Tasel.

                                                                    Le Kernik/Kerlouan.

Dans les années 1570, M. Marzeau de Kerlouan, maître de barque de la Françoise, transporte vers la Rochelle du lard, du beurre, du chanvre, et au retour ramène du vin.

Mais les registres de l’Amirauté de Guyenne retiennent rarement le Kernik (Guissény en 1699 et en 1745) et pour de faibles livraisons de vin (moins de 100 tonneaux à chaque fois).

                                                                            Pontusval.

Le commerce du vin en provenance de Bordeaux et à destination de Pontusval s’affiche avant tout pour le XVIIIe siècle. 

Le début du XVIIIe siècle, à l’image des autres ports étudiés, n’incite guère à l’optimisme eu égard aux statistiques des entrées et sorties des capitaines et maîtres de barques du port (23).  Les mouvements des caboteurs sont insignifiants. Et encore il est possible qu’entrées et sorties concernent parfois un même bateau.                                        

1699 : 8                                                                         1708 : 11

1700 : 18                                                                       1709 : 8

1701 : 20                                                                       1710 : 3

1702 : 13                                                                       1711 : 3

1703 : 13                                                                       1712 : 4

1704 : 7                                                                         1713 : 9                                                                                    

1705 : 7                                                                         1714 : 15

1706 : 5                                                                         1715 : 3

1707 : 8

En 1718, la Marie, 12 Tx, capitaine Gabriel Cossioum (ou Corion?), 3 hommes, quitte deux fois du port de Bordeaux avec du Vin de Blaye. (24)

En février et mars 1745, la Marie-Françoise, capitaine Olivier Tréguier, 4 hommes, et la Marie-Yvonne, 40 Tx, capitaine Yves Marion, 5 hommes, acheminent du vin, l’un pour Morlaix et l’autre pour Pontusval. Mais, au total, le port enregistre moins de 100 Tx de vin de Bordeaux durant l’année. En comparaison Brest, en 1745, reçoit 22 caboteurs chargés de vin et Morlaix 35.

En décembre 1748, la Marie-Françoise, 21 Tx, capitaine Guillaume Bihan, 4 hommes, livre du vin à Morlaix.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’analyse des entrées et sorties des capitaines et maîtres de barques permet d’affirmer que le port entre dans une phase d’activités accrue (25). L’absence de guerres en est l’explication.

176832 (après le 21-03)
176954
177059
177148
177260
177364
177456
177558
177643
177739
 Soit moyenne mensuelle de 51

Pour autant, les déclarations des capitaines et maîtres de barques et les enregistrements des passeports du port de 1781 à 1788 ne paraissent pas confirmer une intensification du commerce maritime (26). La guerre d’Indépendance Américaine pour les années 1781-82 a certainement contrecarré la phase précédente .

178116
178218
178332
178428
178544
178623
178724
178812 (janvier)

En 1787, les expéditions de vin de Bordeaux vers Pontusval sont plus conséquentes (de 100 à 500 tonneaux ; du même ordre qu’Audierne, Vannes ou Quimper). Deux navires de Pontusval participent au transport de vin de Bordeauxdont la Liberté, capitaine Le Monnier. Ce bâtiment de 100 tx témoigne d’un accroissement des tonnages au XVIIIe siècle. Le vin doit être destiné à ravitailler la petite cité de Lesneven. La même année Brest et Morlaix accueillent respectivement 13 et 19 navires.  Quant au secteur du Conquet-Argenton, il reçoit près de 30 navires issus de Bordeaux (selon les congés délivrés), dont certains font plusieurs rotations par an.

Entre janvier et septembre 1792, dix-huit navires sortent du port et se dirigent vers Bordeaux et Libourne pour honorer des commandes de froment, (800 tonnes) provenant de l’arrière-pays léonard. Cambry note qu’une partie des caboteurs sont originaires d’autres ports que Pontusval : le « petit port accueille des petites barques de 40 à 50 tonneaux, importe du vin, des planches, du sel, du fer, de la résine, des poteries, des pierres de moulins. Les Bordelais, les Normands emportaient en échange des futailles vides, des fèves, des pois verts, des grains de toute espèce. On envoyait d’ici ses froments et du seigle à l’île de Ré, à la Rochelle. Dans les années d’abondance, Brest s’y pourvoyait de 200 tonneaux de blé ».

En définitive, les caboteurs des Pays des Abers ou Pagan impliqués dans le commerce du vin vers le sud-ouest de la France (Nantes,Bordeaux, Libourne, Blaye, la Charente, La Rochelle, l’île d’Oléron), paraissent, hormis l’Aber-Wrac’h et en partie Pontusval, assez peu nombreux. Les échanges avec le Bordelais sont inégaux et handicapés par les guerres.

Les études sur les échanges maritimes entre Nantes et les deux pays étonnent par la quasi absence de caboteurs, certes locaux, mais également d’autres ports bretons, transportant du vin vers ces destinations. Le cas de Alain Bertoulous de Plounéour-Trez, en 1663, s’avère une exception. Les secteurs léonards touchés par les approvisionnements de vins issus de Nantes se localisent entre Le Conquet et Argenton et ensuite dans les ports de Roscoff et Morlaix. On y rajoutera Brest et Landerneau. En 1702, 1732, 1772, aucun bateau des deux pays ne pénètrent à Nantes.

Le secteur charentais (Îles de Ré et d’Oléron, La Rochelle) est une destination peu visible des bateaux locaux, à l’exception de ceux de l’Aber-Wrac’h dans les années 1720-40. Les archives dévoilent la supériorité indéniable des bateaux originaires de l’Europe du Nord vers La Rochelle.

La faiblesse du commerce du vin entre le sud-ouest du Royaume de France et les pays des Abers et Pagan est à relier à plusieurs phénomènes.

On a noté une certaine implication de l’Aber-Wrac’h aux XVe et début du XVIe siècles dans le trafic du vin. Mais en 1664, CharlesColbert de Croissy qui parcourt la Bretagne pointe du doigt dans « l’Amirauté de Lesneven (?) » une flotte marchande indigente numériquement de 19 navires de moins de 60 tonneaux, alors que Brest à titre d’exemple en totalise 98.

Au XVIIIe siècle, lorsque l’on se réfère aux remarques énoncées précédemment sur les trafics portuaires et la liste des caboteurs de l’Aber-Wrac’h, il est plausible d’envisager une flotte du même ordre ou un peu plus consistante.

Le constat mérite quelques explications. L’un des principaux moteurs de l’armement de caboteurs réside dans l’apport de capitaux et dans l’esprit d’entreprendre d’individus dans des opérations mercantiles.   

Au XVIIIe siècle, les traces d’armateurs et d’affréteurs locaux sont peu nombreuses, sauf  pour les flottes de l’Aber-Wrac’h et de l’aber Benoît. Elles appartiennent à quelques propriétaires de Lannilis : Cabon, Amsel et surtout à Joseph Jourdain et Mathieu Le Hir. D’autres personnes sont également originaires ou résident dans ce bourg tels les sieurs Pronost, Marzin, Uguen, Talarmain. Mais sieur Béchec est natif de Landunvez et O. Nédellec de Plouguerneau.

« Maître » Joseph Jourdain est né vers 1684, il a épousé Françoise-Renée Le Hir le 11 novembre 1709. Le père de Joseph a migré de Porspoder vers Lannilis. Celui de son épouse, Mathieu Le Hir, est domicilié à Lannilis. Mathieu Le Hir, lui, a épousé Marie Floc’h de Lannilis. François Le Hir, sans doute le frère du précédent et de Françoise-Renée, est procureur fiscal à Lannilis de la juridiction de Carman (1716), puis de Saint-Renan (1723).

Le profil de Joseph Jourdain se lit dans les registres paroissiaux que les prêtres de Lannilis qualifient à diverses époques de : « maître, marchand, noble homme, juge de l’Amirauté ». Ces appellations le placent socialement dans la bourgeoisie et au-dessus de la paysannerie. Vraisemblablement, fût-il dans les années 1730-40 lieutenant de la milice garde-côtes de Lannilis. Il doit aimer les honneurs et l’argent.

En fait, un notable qui monte en puissance et qui s’appuie sur une fortune qu’il a dû construire dans le négoce du vin et le cabotage. La fonction de juge lui permet de diversifier ses sources de profits et de côtoyer un monde à part, composé de petits nobles. Une proximité qui en fait un homme important.

Jourdain et Le Hir ont de bonnes relations avec d’autres marchands de vin de Lannilis. Ils sont sollicités comme témoins lors de certains mariages.

Le manque de dynamisme des armateurs locaux se confirme en 1792 à Pontusval. Sur 24 bateaux, neuf affréteurs sont mentionnés : un de Plouider et un de Plounéour-Trez. Les autres n’appartiennent plus au Pays Pagan : il y en a 4 de Lesneven (dont H-Y Le Tullier, propriétaire de deux barques dont la Marie-Yvonne), 2 de Landerneau, un de Bordeaux (27).

Le manque d’implication de détenteurs de capitaux dans le commerce du vin provient de divers éléments : enclavement des pays pour acheminer le vin vers l’intérieur des terres, arrière-pays économique peu porteur et peu diversifié dans des catégories socio professionnelles agricoles dominantes, moyennement aisées ou même paupérisées et par-là ne pouvant acheter que peu de vin et d’alcool. D’ailleurs les nobles eux-mêmes présentent des caractéristiques qui n’encouragent guère à l’achat de vin et d’alcools : diminution des effectifs, conditions de vie précaires pour un grand nombre d’entre eux.

Au final, les investisseurs sont des bourgeois, issus des petites villes régionales (Lannilis, Lesneven, Landerneau, Plouider, Plouguerneau…).

Il est vrai que la population locale, massivement paysanne, se tourne vers la terre dans laquelle, quand elle bénéficie de quelques liquidités, elle investit. D’ailleurs, certains historiens estiment que le succès d’hommes entreprenants dans le commerce maritime a eu des effets contreproductifs. Ils mettent en avant la « stérilisation des capitaux » engagés dans l’achats de terre ou d’offices, comme Joseph Jourdain en tant que juge d’Amirauté, avec la volonté de vivre noblement. La dispersion des bénéfices ne permettait pas de réunir les capitaux nécessaires au grand commerce moderne.

Ce défaut de capitaux pour se lancer dans le cabotage pousse certains audacieux à se regrouper dans un système quirataire familial ou extérieur dont le but est la construction et l’armement des bateaux. Chaque parsonnier dispose alors de parts

L’exemple du sieur Appamon du Derbez en Plouguerneau a valeur d’exemple.

En 1704, il s’associe à six partenaires, dont le sieur Lisac de la même paroisse, pour armer l’Anchre, afin de partager les risques en cas de naufrages du navire nolisé (affrété) et pour réunir une somme conséquente en vue de faire naviguer un bateau d’un certain tonnage. L’avantage du montage financier se veut clair : le regroupement des capitaux diminue la mise de chacun. Mais à contrario il est souvent difficile de pérenniser le système car régulièrement, après une bonne opération, un ou plusieurs parsonniers désire récupérer la part investie ainsi que ses dividendes.

Ce navire transporte du chanvre de Riga, du sel, des amandes, du savon, des bottes d’huile « à manger », du vin Tinto. Il se rend régulièrement à Cadix. Peut-être ramène-t-il du vin des Canaries ou de Madère ? Ces routes commerciales laissent entrevoir un navire se livrant au cabotage européen et d’un tonnage probablement compris entre 50 et 100 tonneaux.

De telles conditions handicapantes ne pouvaient guère favoriser la constitution de flottes portuaires ni l’éclosion de communautés de marins pour naviguer au commerce.

Si les registres des classes du Service Historique de la Marine de Brest présentent bien quelques hommes recrutés du côté de Plouguerneau et de Tréménac’h au cabotage, ils sont rares et parfois doivent s’expatrier vers d’autres ports léonards (28).

En fait, le recrutement des équipages des caboteurs se fait en grande majorité dans le vivier du bassin de recrutement qui s’échelonne du Conquet à Ploudalmézeau.

Il en est de même pour les capitaines et maîtres de barques.

En 1786, le Pays Pagan ne totalise que 42 hommes d’équipage au cabotage, dont 14 de Plounéour-Trez, 10 de Kerlouan, 9 de Plouguerneau et autant de Guissény, alors que le Pays de Saint-Pol-de-Léon en fournit 384 (de Roscoff, l’île de Batz, Saint-Pol-de-Léon), pour une population bien moins nombreuse (29). Des conditions de vie difficiles, un avenir peu prometteur ou plus prosaïquement le goût de l’aventure, les poussent à choisir le métier de marin.


Portrait du maître de barque Henry Le Portz
Maître de barque, installé à Tevezan Vihan (Lilia en Plouguerneau), il rejoint assez fréquemment Bordeaux afin d’y charger du vin. Probable- ment propriétaire de la Louise- Thomas, 18 tonneaux, il se fait aider par trois hommes et un mousse. Il est représentatif des maîtres de bar- ques des petits ports bretons. Marin avant d’être un véritable marchand, il ne peut embarquer que de petites quantités de marchandises pour son propre compte. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles cette forme de cabo- tage subit la concurrence d’unités plus performantes et de tonnages ac- crues. Il navigue avec certitude en 1709, 1712 et 1713, ramenant des bar-riques de vin vers Saint-Malo ou Brest. C’est un notable, fréquemment sollicité pour être parrain, qualifié d’honorable homme et de « gouver- neur » de Plouguerneau, en 1710, afin de diriger la paroisse, entité admi-nistrative et religieuse. En 1715, sur son nouveau bateau, la Notre-Da-me des Anges, 20 tonneaux, il gagne Bordeaux avec du sel du Croisic. Sa cargaison de retour comprend 21 tonneaux de vin pour Saint-Malo. Il ré-édite deux autres voyages en 1716 et 1718, pour acheter à nouveau du vin (30)

Les réceptions des capitaines et des maîtres de barques de 1717 à 1790 (31)confirment le manque de vocations pour les postes à responsabilité dans le cabotage : à Plounéour-Trez 4 (dont F. Melou en 1740), à Tréménac’h 2 (dont Y. Maviou en 1741), à Landéda 1 et à Pontusval 1 (F. Labasque en 1720). Pourtant il semble que les conditions d’accès à la maîtrise sont relativement abordables (32).

A Pontusval, en 1792, sur 10 capitaines identifiés, il n’y en a aucun originaire du Pays Pagan. Ils proviennent de Porspoder/Landunvez.

Le défaut d’investisseurs dans le cabotage avec à la clé une flotte locale assez peu étoffée et son corollaire l’absence d’une communauté de marins laissaient libre court à la concurrence d’autres ports bretons, spécialisés dans le transport du vin, ou du royaume de France (Normandie, Bordelais), voire étrangers plus compétitifs (hollandais).  

Quelques ports léonards entrant en concurrence avec les caboteurs locaux ressortent des archives de Guyenne : Molène (en décembre 1700, le Jean-René, capitaine René Masson, pour Pontusval), Argenton (le Thomas, en novembre 1701, le Lion, en avril 1746, pour l’Aber-Wrac’h ; le Trois Frères, en octobre 1749 pour l’Aber-Wrac’h), Le Conquet (le Saint-Jean-Baptiste, 28 Tx, en février 1746, pour Pontusval ; le Victorieux, en avril 1749, pour l’Aber-Wrac’h ; la Marie-Joseph, en juillet 1749, pour l’Aber-Wrac’h),  Ouessant (le Saint-Pierre, en février 1745, pour l’Aber-Wrac’h), Roscoff (la Sainte-Anne, en avril 1749, pour Pontusval), Morlaix (la Françoise-Marie, en 1764, pour Pontusval).

Les lacunes des archives.                                                                 

D’abord, il peut y avoir un défaut d’enregistrement des caboteurs car certains maîtres de barques s’orientent vers des petits ports ou havres, sans aménagements portuaires particuliers et profitent d’un abri naturel entre rochers avec échouage sur la plage. Il n’y a pas de personnel de l’Amirauté et donc pas de traces dans les archives. Cela permet aux marins de ne pas acquitter de droits inhérents à la navigation. Ces ports éphémères répondent à des besoins ponctuels et saisonniers et les relâches sauvages favorisent les déchargements clandestins. Par leur configuration littorale les Pays des Abers et Pagan se prêtent admirablement à ce schéma. En fait, un port n’existe que s’il est associé à un bourg ou une petite ville et à une communauté littorale nécessitant l’implantation de personnels de l’Amirauté.         

 Le deuxième obstacle provient des archives elles-mêmes.

Les archives de l’Amirauté de Léon ont été détruites lors de la Seconde Guerre mondiale et ne subsiste que l’inventaire des pièces. On ne peut dans de telles conditions travailler en profondeur. Le classement est parfois déroutant pour effectuer des comparaisons de statistiques de différents ports. Certaines listes indiquent les congés et sorties de bateaux, d’autres les relâches et sorties, ou encore les congés et passeports.

Il devient délicat de discerner l’intensité des trafics de tel ou tel port.

Par ailleurs, les archives de la Guyenne pour Bordeaux, de La Rochelle, de Nantes révèlent quelques limites : années manquantes, transcription des lieux de destination vague (« côtes de Bretagne »)…

Glossaire.

*Barrique de Bordeaux et de Nantes : 225 litres.

*Bénéfice : revenus attachés à une fonction.
*Capitation : impôt direct créé en 1695. Le Tiers Etat est surimposé par rapport à la noblesse.

*crées ou toiles du Léon. Exportées surtout à partir de Landerneau, Morlaix, Roscoff, tant que la mévente n’affecte pas cette production au XVIIIe siècle. 

*Etats de Bretagne : assemblée provinciale composée des trois ordres : clergé, noblesse et Tiers Etat, chargée des affaires de la province (vote et répartition des impôts directs).

*Ferme des Devoirs :  compagnie financière chargée de lever les impôts indirects. Ici les droits essentiellement sur les boissons alcoolisées au détail.

*IADC : inventaire après décès.

*Lettre de change : ce système basé sur des confiances réciproques permet à un négociant en vin (par ex. du Bordelais) de bénéficier des services d’un intermédiaire (par ex. de Brest) qui remet sa commande à un acheteur (par ex. de l’Aber-Wrac’h). Ce dernier règle sa commande en nature ou en argent à l’intermédiaire qui empoche une commission pour ses frais.

*L.T. : la Livre Tournois se divise en 20 sols sous l’Ancien Régime.

*Pinte : 0,93 litre.

*Pipe : unité de mesure variable de 410 à 443 litres (cidre). Une pipe de vin de Nantes correspond à environ 450 litres.

*Port oblique : port secondaire dépendant de l’Amirauté dont le siège est à Brest. Il existe également des      ports obliques à Pl. Trez, Guissény, Plouguerneau où se trouve un receveur ou un commis.

*Pot : deux pintes ou 1,8 litre.

*Tonneau de vin de ville de Bordeaux et Nantes : 900 litres.

*Tonneau du vin de haut : 750 litres, soit 187,5 litres pour une barrique.

* Tonneau de Nantes : 300 litres.

*Tierçon de vin de haut : 62,5 litres.     

*Tierçon de vin       de ville : un tiers de barrique de vin de ville ou 75 litres.

*Velte : pour l’eau-de-vie, de 7 à 8 litres selon les régions.

(1) Le commerce des vins dans le cadre de l’étude se rattache aux liaisons des deux pays avec le Bordelais, La Rochelle et Nantes. Quand on évoque le vin, on pense également au pinard. Le terme pinard daterait de 1616 (Petit Robert) et serait usité déjà au XVIIIe siècle.

(2) Marc Russon. L’Aber-Wrac’h et les terroirs littoraux environnants : portrait d’une société maritime bretonne à la fin du Moyen Âge, CRBC 1993.                                                   Iliz Koz : voir l’article sur le cabotage à Plouguerneau aux XVIIIe-XIXe siècles, PHA/Internet.

(3) Martin H., Franciscains bretons et gens de mer, XVe-XVIIIe siècles).             

(4) source : M. Floc’h de Lampaul-Plouarzel.

(5) F. Roudaut : Les recteurs léonards parlent de la misère, 1774, CRBC.

(6) F. Roudaut : Les Léonards et leur clergé, Mélanges offerts à Y. Gallo, Etudes sur la Bretagne et les pays celtiques, 1987.

(7) M.Russon, note n°2                                                                                                                                           

(8) Selon J. Tanguy et E. Kerréneur.  

(9) voir l’article PHA/Internet : article sur le cabotage à Plouguerneau au XVIIIe-XIXe siècles                                                                                                                       

(10) B244 1788-1792, inventaires des hardes et effets, Amirauté de Guyenne.

(11) Amirauté de Guyenne (archives départementales de Gironde) 6 B 99.

(12) Déclarations de relâche dans le port de l’Aber-Wrac’h, Inventaire de l’Amirauté de Léon ADF Brest B 4741-44. Les déclarations sont taxées environ une L.T. et le droit de relâche revient à 13 sols. En 1777, en situation illicite de non déclaration de relâche à l’Amirauté l’amende est de 10 L.T.

(13) Amirauté de Guyenne 6B 308, 1718, départs des navires de Bordeaux.

(14)Inventaire de l’Amirauté de Léon , ADF B 4745.                                                                                              

(15) L’Amirauté s’occupe des affaires maritimes, donc du cabotage. L’ordonnance de Colbert de 1681, appliquée en 1691 en Bretagne, régit les juridictions maritimes du royaume. Pour enregistrer les congés, portant les noms du bateau, du maître, le tonnage, la cargaison, sa destination, obligatoires pour sortir d’un port, il faut verser une somme à l’Amiral, plus ou moins importante selon l’activité (au long court, au grand cabotage, au cabotage) en fonction du tonnage, que l’on navigue le long des côtes de Bretagne ou le long des côtes du royaume de France, ou encore à l’étranger. En outre, les droits varient d’une Amirauté à l’autre.  En Léon, les maîtres ou capitaine versent 5 sols pour moins de 10 Tx, 10 sols pour 10 à 29 Tx et 1 L.T. pour 30 à 49 Tx, pour le commerce le long des côtes. A cette somme s’ajoutent des droits variables, pour les officiers et le greffier. Celui-ci tient les comptes et liste les congés sur des registres plus ou moins bien tenus. Les personnels de l’Amirauté achètent cher leur charge (4000 L.T. pour un greffier) et sont critiqués pour leur vénalité et leur corruption. En 1770, sieur La Bourgognière cumule les fonctions de de commis receveur et de commis greffier de l’Amirauté avec celle de commis des Fermes (des Traites ou taxes sur les marchandises) à l’Aber-Wrac’h. Mal rémunéré pour certaines tâches (un sol par congé) et âpre au gain, il  s’enfuit avec le produit des recettes. A cette taxation s’ajoutent d’autres droits pour naviguer au cabotage : ancrage, lamanage, lestage, délestage… Les maîtres de barques et les capitaines y voient perte de temps et d’argent.    

(16) Service Historique de la Marine Brest, 1P 7 1.

(17) 6B309,1744-49, Amirauté de Guyenne, sorties de navires de Bordeaux.                                                             

(18)  H.Kimizuka.

(19) ADF, B 4571

(20) B4757ADF, Inventaire de l’Amirauté de Léon.                                                                                                   

(21) Archives départementales de Loire-Atlantique, 4E 2/1934 minutes de Verger, 10 05 1663 ; MSHAB 2012.                                                                                                                                     

(22) Inventaire de l’Amirauté de Léon, visites des bateaux, 1784.

(23) Déclarations des entrées et sorties des capitaines et maîtres de barques du port de Pontusval (1699-1715 ; Amirauté de Léon, B 4771). Les visites des navires à l’entrée et à la sortie sont payantes : pour les officiers et le greffier 15 sols pour les caboteurs de moins de 30 tonneaux, 22 sols pour ceux de 30 à 60 tonneaux. Un caboteur naviguant de port en port le long des côtes de Bretagne n’acquitte que 10 sols 6 deniers.                                                                                    

(24) 6B308,1718. Départs des navires de Bordeaux.

(25) Déclarations entrées et sorties et avaries des capitaines et maîtres de barques du port de Pontusval (1768-77), B 4772)

(26) Déclarations des capitaines et maîtres de barques et enregistrement des passeports (documents délivrés par le pouvoir central d’un Etat, en période de guerre, ils protègent le caboteur d’un Etat ennemi -anglais- contre les attaques des corsaires du royaume de France) du port de Pontusval (1781-88 ; ADF, Inventaire de l’Amirauté de Léon, B 4773).

(27) L. Elégoët, le Pays Pagan, Palantines, 2012.

(28) voir l’article PHA/Internet : article sur le cabotage à Plouguerneau au XVIIIe-XIXe siècles.                             

(29) L. Elégoët, le Pays Pagan, Palantines, 2012.

(30) Le Pagan N° 16, D. Abernot.

(31) ADF, B 4701.  

(32) voir l’article PHA/Internet : article sur le cabotage à Plouguerneau au XVIIIe-XIXe siècles.                            

Bibliographie :

Abiliou A-L : Société et vie quotidienne à Plouguerneau au XVIIIe siècle d’après les IADC (UBO, maîtrise 2001)

Cambry J. : Voyage dans le Finistère, 1794-1795, Coop Breizh, 1993.

Darsel J. : L’Amirauté en Bretagne, des origines à la fin du XVIIIe siècle. PUR, 2012.

La vie maritime et les côtes du Léon sous l’Ancien Régime, BSAF, 1976.  

Garnault E. : le commerce rochelais au XVIIIe siècle.              

Kerréneur Eric : le commerce maritime dans les années 1640 entre le Léon et Bordeaux. Société Archéologique du Finistère 2012

Kimizuka Hiroyasu : Bordeaux et la Bretagne au XVIIIe siècle, les routes du vin (PUR, 2015).

Mainet-Delair N. : le trafic du vin entre Bordeaux et Brest in Brest au temps de l’Académie de Marine, Abbaye de Daoulas, 2001.

Malvezin TH. : Le commerce à Bordeaux au XVIIIe siècle.                                                                                                                    .:                                                                                                                                

 Michon Bernard : Le port de Nantes au XVIIIe siècle, construction d’une aire portuaire, PUR, 2011 ; Le complexe portuaire nantais au XVIIe et XVIIIe siècles ; SHAB, 2012, les Chemins de la mer.

Perrin O. : La galerie Bretonne, Coop Breizh. (13)   

Roudaut F., Kerhervé J. : La Bretagne en 1665 d’après le rapport de Charles Colbert de Croissy (CRBC, 1978, …)                                                                                                                                                                          

Tanguy Jean : Le commerce nantais à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle (Thèse de 1967).

Trocme E.  Le commerce rochelais à la fin du XVe siècle et au début du XVIIe siècle.                                    

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