Les anges gardiens

LES ANGES GARDIENS

Dialogue entre Sébastien, le nouvel élu, et son ange gardien qui lui fait visiter le ciel :
« Tout ce qui là-bas, en bas,
te semblait beau était Dieu.
– Vrai, même quelque chose de tout simple ?
– Surtout quelque chose de tout simple.
– Même une petit enfant, ô Siloé ?
– Justement un petit enfant !
C’est entre les cils d’un petit enfant
que les hommes aperçoivent Dieu
3 ou 4 fois, dans leur vie terrestre . »
( G. Duhamel- Souvenirs de la vie du Paradis)

Les petits Saints de Plouguerneau comptent dans leurs rangs quatre statuettes d’anges: l’Ange Gardien, St-Michel, St-Gabriel et St-Raphaël. La première représente un bel ange ailé, mettant une main sur l’épaule d’un petit enfant et lui montrant le bon chemin.
La croyance aux anges, c’est à dire à des êtres de nature différente de celle des humains, est une de celles sur lesquelles la tradition générale de l’humanité montre le plus d’accord. Mais cette croyance tient une grande place dans l’Ancien Testament et aussi dans les théories religieuses de l’Inde, de la Chine, de l’Egypte, de la Perse. La religion musulmane elle-même a ses anges.
Dans plusieurs religions , on les croit supérieurs à la nature humaine. Ce n’est pas vrai dans la théorie chrétienne où le Fils occupe la plus haute place. Saint Grégoire le Grand pensait que la résurrection de notre Rédempteur est une fête pour nous, car elle marque notre retour à l’immortalité, et aussi une fête pour les anges, car le rappel des hommes au ciel complètera la nature des anges.
Le chemin de l’humanité est parsemé de multiples embûches. Dieu certes a donné toute liberté à ses créatures mais, dans son infinie bonté, il leur a envoyé ses anges pour les conseiller et les protéger du mal.
Semblables aux Sadducéens qui ne croyaient ni aux anges ni à la résurrection, beaucoup de personnes, et parmi elles des chrétiens, ne croient plus ou feignent de ne plus croire aux anges, en notre fin de millénaire matérialiste. Un petit sourire narquois nait souvent au coin des lèvres quand on évoque l’ange gardien qui protège et guide chacun de nous. Et pourtant, l’existence de ces êtres spirituels est une vérité de Foi( catéchisme de l’Eglise catholique) . Le témoignage de l’écriture est aussi net que l’unanimité de la Tradition.
Jésus lui-même a affirmé: « Lorsqu’on ressuscite, on est comme des anges dans les cieux( Marc) « . Le Christ, centre du monde angélique, a fait de ses anges les messagers de son dessein de salut. Les anges, dit St-Augustin, concourent à tout ce qui est bon pour les hommes. La Bible tout entière est pleine de la présence des anges et ils accompagnent le Christ tout au long de sa mission sur le terre: l’annonciation, la naissance, la passion, la résurrection.
Les anges servent Dieu et chantent ses merveilles. Mais ils accompagnent aussi les hommes et veillent sur eux. Ils sont porteurs de messages, inspirateurs et guides des prophètes, protecteurs des nations et de chaque homme. Ils sont aussi consolateurs et le Christ lui-même, dans son agonie, a accepté leur consolation. Ils intercèdent enfin auprès de Dieu en notre faveur, mais ils peuvent être aussi des justiciers : »ils jetteront dans la fournaise tous les fauteurs d’iniquité ! ».
Bien souvent, les messagers ne se contentent pas de répéter mot à mot le message qui leur a été confié. Ils essaient surtout de le faire comprendre et ils invitent leurs destinataires à agir. A la résurrection, selon St-Marc, l’ange a précisé aux femmes effrayées: « Allez dire à Pierre et à ses disciples qu’Il vous précède en Galilée ».
Dés l’origine, Dieu aprés le bannissement d’Adam et Eve avait posté des chérubins devant le jardin d’Eden, pour garder le chemin de l’arbre de vie( Gen. 3/24). Une des premières interventions connues d’un ange dans le monde des humains est celle faite auprès d’Agar, l’égyptienne, qui avait fui dans le désert pour échapper à la colère de sa maîtresse Saraï, femme d’ Abraham. L’ange console Agar, lui conseille de retourner chez Saraï et lui promet une nombreuse descendance.
Les anges protègent Lot et famille de la destruction de Sodome et Gomorhe; ils arrêtent la main d’Abraham qui allait sacrifier son fils unique Isaac. Un ange précède Moïse pour le mener au lieu fixé, un autre explique à Job le sens de sa maladie et lui ouvre les yeux sur ses fautes. C’est son ange gardien qui délivre Pierre du cachot où l’a jeté Hérode.
Les anges gardiens tiennent une place importante dans les traditions populaires. Dés les premiers siècles, les écrivains chrétiens ont parlé des anges gardiens évoqués par Jésus dans St-Matthieu: » Gardez vous de mépriser aucun de ces petits car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père ». St-Thomas d’Aquin affirme que chaque homme reçoit un ange gardien à sa naissance. A son baptême, le Christ confie le nouveau baptisé à son ange qui devient pour lui un guide, selon une tradition du Concile de Trente.
Les anges gardiens ne nous abandonnent jamais, enseigne Saint François de Salles: »Nous recevons leur aide, forte, aimante et efficace, pour avancer à la rencontre de Dieu ».
Padre Pio, prêtre italien, mort en 1968, auquel on attribue de nombreux miracles et qui portait les stigmates du Christ, en même temps qu’il avait le don de la bilocation, a toujours affirmé qu’il voyait son ange gardien et qu’il conversait avec lui.
A beaucoup de saints et de saintes, de stigmatisés, dont certains sont très connus, leurs anges gardiens sont apparus pour les soutenir et les consoler. De nombreux écrivains et scientifiques ont étudié le cas des expériences subies par des malades de tous âges aux portes de la mort, qui prétendent avoir été guidés par leurs anges gardiens dans leur cheminement vers Dieu, avant d’être réanimés.
La croyance populaire s’est traduite d’ailleurs dans l’emploi fréquent du mot « ange » dans le langage courant et dans l’utilisation jadis fréquente des prénoms Ange et Angèle.
Dans l’église de Plouguerneau, au dessus de l’autel des trépassés, se trouve un tableau représentant un ange ailé tendant la main à un homme pour l’aider à sortir des flammes de l’enfer.
La mémoire des anges gardiens remonte à 1411. A cette époque une fête fut instituée à Valence, en Espagne, en l’honneur de l’ange protecteur de la ville.
En 1590, le Pape Sixte V, suite au Concile de Trente, accorda au Portugal un office spécial en l’honneur des anges gardiens. Et en 1608, le Pape Paul V inscrivit cette fête au calendrier romain général, à la première date libre après la fête de St-Michel. La mémoire actuelle est donc l’extension de la fête de l’Archange.

Texte de Noël L’Hour