Les Métiers de la Mer à Plouguerneau entre 1836 et 1911


LES MÉTIERS DE LA MER A PLOUGUERNEAU ENTRE 1836 et 1911
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1 – La Commune de Plouguerneau

Au bord de la Manche, Plouguerneau est bordée par quarante-cinq kilomètres d’une côte escarpée et parfois dangereuse à la navigation.

 

 

A Plouguerneau, comme souvent dans les communes côtières du Léon, la campagne se compose d’une zone « Arvor » et d’une zone « Ménez ».

Pour Plouguerneau, l’Arvor couvre une bande de 1 à 2 km le long la côte et le Ménez l’intérieur de la commune, le bourg étant le lien entre ces deux zones.

La mer est donc très présente à Plouguerneau et les habitations de la commune, aujourd’hui, se trouvent principalement dans la partie « Arvor ».

Cette population, aujourd’hui, travaille peu avec la Mer. Il reste quelques pêcheurs, quelques mareyeurs et autres professionnels ( goémoniers, industriels des algues, …).

Mais qui étaient les habitants du bord de mer il y a cent ou deux cent ans et que faisaient-ils ? Et aussi comment et pourquoi les métiers du bord de mer ont évolué pendant cette période ?

C’est à ces questions que cherche à répondre cet article à partir des recensements de la commune entre 1836 et 1911.

2 – Les Métiers en relation avec la mer entre 1836 et 1911

 

Métiers
de la Mer

1836

1841

1846

1851

1856

1861

1866

1872

1876

1881

1891

1901

1911

Pêche

1

3

14

41

31

14

8

4

11

27

69

47

134

Pêcheur

1

3

12

31

22

11

8

3

9

26

54

41

113

Enfant
de + 16 ans

2

10

9

3

1

2

1

15

6

21

Goémon

90

112

161

199

80

65

189

18

Cultivateur-Goémonier

11

2

3

17

1

7

2

Goémonier

62

94

111

134

56

30

128

13

Enfant
de + 16 ans

17

16

31

48

17

19

41

3

Goémonière

16

6

9

20

Marin

1

1

3

9

Matelot

1

2

2

1

Matelot
de Commerce

1

1

Ex
Matelot

2

2

3

1

Retraité
Marine

1

2

3

1

1

1

Pilote

2

2

2

1

4

Associés

Métiers
du Bois

28

10

12

15

10

12

12

13

14

14

15

18

19

Charpentier

28

8

7

4

3

11

9

9

11

7

8

10

6

Menuisier

2

5

11

7

1

1

3

3

7

6

8

10

Constructeur bateau

2

1

1

3

Batelier
(du Passage)

1

2

2

Douanier

18

16

14

17

18

16

8

8

8

7

6

5

4

Ex
Douanier

2

2

4

2

5

6

5

4

2

1

1

Gardien
de Phare

4

4

1

1

3

3

3

3

5

3

Guetteur
Sémaphore

1

2

2

2

2

2

2

2

Syndic
des Marins

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

Ex
Syndic

1

1

 

Ce tableau est la reprise des données des recensements qui avaient lieu, normalement, tous les 5 ans (exception de 1871 qui fut fait en 1872).

Leurs valeurs de ces recensements dépendent du travail de la personne ou des personnes ayant effectués ces derniers.

La lecture des documents étant en certaines occasions difficiles, il faut surtout retenir une notion de valeur plutôt que les valeurs exactes des données de ce tableau.

Ils dépendent aussi de la notion du métier principal déclaré par le père de famille, un seul métier étant indiqué sur les registres à l’exception de « Cultivateur-Goémonier ».

Autre particularité : seules étaient prises en compte les habitants résidant sur la commune. Les soldats, les marins d’états, les marins de commerces, … n’étaient pas recensés même si leur habitation principale se trouvait à Plouguerneau où habitaient, par ailleurs, leurs femmes et leurs enfants.

Les métiers déclarés évoluaient. Par exemple ARZUR Joseph est Cultivateur en 1861, Pêcheur à Kergleuz en 1891 et Goémonier à Thévezan Vraz en 1901.

Certains métiers pouvaient n’être que partiellement en relation avec la mer. C’est le cas des métiers du bois. On ne peut savoir si un charpentier ou menuisier était en relation avec le milieu marin sauf pour les constructeurs de bateaux.

Autres exemples d’évolution, on retrouve les mêmes habitants déclarés constructeurs de bateaux sur certains recensements et charpentiers pour d’autres.

A la lecture de ce tableau, plusieurs constatations rapides :

L’évolution entre 1841 (moins de 5 habitants en relation avec la mer) et 1861 (plus de 100 habitants en relation avec la mer)
La notion de métier de goémonier n’apparaît qu’en 1861
La métier de pêcheur ne devient important qu’à partir de 1846 et plus encore en 1851
La présence d’un nombre important de douaniers mais en forte diminution à partir de 1866
La diminution du nombre de pêcheurs de 1856 à 1881 inversement à l’augmentation du nombre de goémoniers
La fluctuation de nombre de personnes travaillant le goémon : de 199 à 80 de 1876 à 1881, de 65 à 189 de 1891 à 1901, 189 à 18 de 1901 à 1911


Les CHAPITRES 3 à 7 (détail de l’article) sont à lire au format pdf sur CALAMEO en cliquant ICI.

3 – Les Goémoniers

4 – Les Pêcheurs

5 – Les Gardiens de Phare et Guetteurs de Sémaphore

6 – Les Douaniers

7 – Les Métiers du bois

8 – Conclusion

La première conclusion est que la commune au XIXème siècle est et restera principalement une commune agricole.

En 1836, premier recensement étudié, les métiers tournés vers la mer sont presque inexistants (hors les douaniers).

En 1846, une communauté de pêcheurs apparaît. En 1851 avec 31 habitants déclarés, ils représentent moins de 2 % de la population des hommes de plus de 16 ans.

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la vie des habitants du bord de côte va être profondément modifiée. Deux métiers vont prendre une grande importance : le goémon et la pêche et vont remplacer (ou plutôt compléter) les anciens métiers de petits cultivateurs ou journaliers.

En 1872 et 1911, la population des hommes dont les métiers sont tournés vers la mer varie dans une fourchette de 150 à 200 personnes. Cela revient à environ 10% de hommes de la commune.

Si l’on ne prend que les secteurs de Tréménac’h et l’Armorique (environ 35 % des hommes de la commune), cela représente entre 30 et 40 % des hommes de ces deux secteurs.

Et si l’on prend que les villages de bord de côte de ces deux précédents secteurs (exemple : Le Reun, Kervenni, Perros, …) cela représente souvent plus de 60 % des hommes de ces villages.

Les autres métiers de bord de mer restent secondaires et sont souvent exercés par des hommes n’étant pas nés sur la commune : douaniers, gardiens de phare et de sémaphore, …

Les métiers du bois sont difficilement évaluables (sauf la construction de bateaux qui ne semblent démarrer réellement qu’à partir de 1911).

L’évolution des métiers dans cette seconde moitié du XIXème siècle a eu, sûrement, comme conséquence le peu d’exode de ces petits paysans vers les villes (Brest, Paris, …) comme constaté dans beaucoup d’autres communes du Finistère.

Autre conséquence, le nombre d’habitants des secteurs de Tréménac’h et de l’Armorique nés sur d’autres communes : autour de 1 % et encore souvent des habitants exerçant des métiers bien précis : Gardiens de Phare, Instituteurs, Commerçants, …

Annexe – Bibliographie :

(1) Patrick Denieul :
– Vieux Métiers Bretons – Editions Le Télégramme ( 2001 )

(2) Jean-Pierre Hirrien :
– Le Pagan et la Mer – Editions Label LN ( 2007 )

(3) Pierre Arzel :
– Les Goémoniers – Le chasse-marée éditions de l’estran ( 1987 )

Version 1 : Avril 2013