Pont-Crac’h ou Pont du Diable

Le Pont Krac’h plus communément appelé Pont du Diable est un édifice qui traverse l’Aber-Wrac’h et permet ainsi de rejoindre Plouguerneau et Lannilis … à marée basse. Personne ne peut dire avec certitude de quelle époque il date. La fourchette des archéologues s’étend de la période gallo-romaine (-52 à 486 ap. J.-C.) au moyen-âge (vraisemblablement Xème siècle). Le nom de Pont Krac’h est une contraction de « Pont kar Ac’h » qui veut dire « Pont à chariot d’Ac’h ». Le pont a été rénové en 2008 par l’association Plouguerneau Nature Environnement. Celui-ci a été reconstruit à l’identique sans ajout de matériaux modernes. Si le pont est sur le territoire de Plouguerneau, le site appartient au Conseil Général du Finistère. Sa légende, elle, n’appartient à personne… ou à tous selon le cas. Des ponts du diable il en existe à travers toute l’Europe. Nés, en général, aux alentours du XIVème siècle, ils sont tous accompagnés d’une légende. Elles ont toutes le même fil conducteur, un meunier fatigué, un diable cupide et un chat innocent. Le récit du Pont Krac’h ne déroge pas à la règle. Cette farce où se mêlent réel et merveilleux a encore de belles nuits à proposer aux jeunes venant s’égarer près de ce pont, à condition qu’ils ne tombent pas nez à nez avec le malin…

La légende

Il existait autrefois à Plouguerneau, sur la rive de l’Aber-Wrac’h, non loin de la chapelle de Prad Paol, un petit moulin… Celui-ci approvisionnait en farine les habitants des environs mais également ceux de Lannilis, sur l’autre rive. Afin de livrer des clients aussi proches, il n’y avait après tout que la rivière à traverser, le meunier était astreint à un long et pénible détour. Les abords de l’aber sont abrupts et l’homme était lourdement chargé. Un jour qu’il pestait plus que de coutume, il invoqua le diable. Sa surprise fut grande lorsqu’il se trouva nez à nez avec le démon. Le diable lui proposa alors un marché : « Tu veux un pont pour alléger ta tâche. Demain si tu le souhaites et si tu acceptes que la première âme qui traversera ce pont soit mienne, tu traverseras la rivière au sec ». Le meunier trop las pour réfléchir et trop heureux de l’aubaine accepte le marché.
Sitôt la nuit venue, le diable se met au travail. Il travaillait comme un … damné, armé d’un énorme marteau. Lorsque le jour tente de percer l’épaisse nuit noire, l’ouvrage touche presque à sa fin. Il reste encore quelques blocs de granit à assembler. C’est à ce moment que le meunier, après une bonne nuit de sommeil, s’approche du pont, chargé d’un gros sac. Le diable, avide, se réjouissait déjà à l’idée de recevoir son crédit, qui représentera bien plus que la valeur d’une simple aumône ! Cependant, avant de poser un pied sur le magnifique ouvrage, le meunier s’arrêta et ouvrit le sac. Il en jaillit un chat noir qui eut vite fait de franchir le pont ! « Il est à penser que les animaux avaient une âme ». C’est en tout les cas ce que laisse à penser la réaction du diable, qui, furieux de s’être fait rouler dans la farine, jeta son marteau. Celui-ci alla se planter en terre et prit la forme d’une croix en granit.
Peut-être s’agit-il de celle qui est en place à l’extrémité du pont du côté de Lannilis ?

De nos jours encore, certains se plaisent à raconter que si des hommes viennent à tomber du pont, ce n’est pas parce qu’ils sont ivres, mais parce que le diable pour se venger les aura bousculés…

Comment se rendre au Pont Krac’h ?

  • Au départ du bourg de Plouguerneau,
  • Prendre la direction de Lesneven,
  • Traverser le rond-point du Carpont,
  • A 100 mètres, prendre la première à droite,
  • Longer l’aber Wrac’h sur environ 4 kilomètres,
  • Stationner sur le petit parking du pont du diable,
  • Descendre vers l’aber sur une distance de 100 mètres.

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Extrait de : Les vies des saints de la Bretagne Armorique :
ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d’icelle… et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches… (5e éd.) / par fr. Albert Le Grand,… ; revu et corrigé par messire Guy Autret, chevalier, seigneur de Missirien ; augmenté de plusieurs vies des saints de Bretagne, par le mesme, par missire Julien Nicole,… et autres

Auteur : Le Grand, Albert (15..-1640 ?)
Éditeur : J. Salaün (Quimper)
Date d’édition : 1901

VOYAGES DE SAINT POL-AURÉLIEN (J.-M. A.).

La vie de saint Pol dans Albert Le Grand, n’est pas aussi détaillée que celle qui fut écrite en 884 par Wrmonoc, moine de Landévennec, sur les ordres de son abbé Wrdistin, qui lui-même rédigeait en ce moment la vie de saint Guénolé. Le manuscrit de Wrmonoc a été publié par Dom Plaine dans les Analecta bollandiana, 1882, t. 1er, p. 108. Le récit de Wrmonoc ne concorde pas en tous points avec celui d’Albert Le Grand, notamment en ce qui concerne le voyage du saint à travers le pays pour arriver à la ville de Castel et à l’ile de Batz. Après son départ de l’ile d’Ouessant, Albert Le Grand le fait débarquer à Kernic, entre PIounévez-Lochrist et Plouescat, Wrmonoc au contraire dit qu’il vint tout droit au rivage qui se trouve en face d’Ouessant, et que son navire toucha terre à l’ile Melon, Mediona, (en Porspoder), près du rocher appelé ar marc’h du, le cheval noir, et qui est toujours désigné sous ce nom. De là il va se fixer sur le terrain de Ploudalmézeau, in plebe Telmedovice, installe un de ses neveux dans un domaine qui de son nom prend la dénomination de Villa de Pierre, Villa Petri, Kerber, village qui existe encore maintenant entre le bourg de Ploudalmézeau et celui de Lampaul. En cet endroit de Lampaul-PIoudaImézeau, Lanna Pauli le saint établit un monastère, et à côté de l’église actuelle se voit toujours la fontaine dont il est parlé dans le récit.

Il ne reste pas longtemps dans ces parages. Averti de nouveau par un ange, il se met en route pour aller à la recherche du chef qui gouverne ce pays. Quel fut le chemin qu’il suivit ? Wrmonoc dit qu’il alla à un endroit que les habitants appelaient Amcinim lapideam et que dom Plaine croit être le Grouanec en Plouguerneau, quoique Grouanec, qui signifie rempli de gravier, ne corresponde pas parfaitement au terme lapideam qui signifie couvert de pierres ou de cailloux. Il faut dire cependant que, d’après la tradition du pays, saint Paul aurait passé dans cette région, en traversant la rivière d’Abervrac’h sur le vieux gué gaulois ou romain appelé pont Crac’h et en faisant sourdre les trois fontaines de la chapelle de Prat-Paol dont il est parlé dans le récit et qui existent encore. Il faut ajouter aussi que la narration de Wrmonoc semble entachée de redondance et d’exagération pour ce qui est des circonstances qui donnent occasion au jaillissement de ces trois sources, puis ses explications sont embrouillées en indiquant le chemin que suivit saint Pol pour se diriger vers l’oppidum de Castel ; il y a encore une invraisemblance dans ce fait que le porcher du comte Withur le rencontrant à Plouguerneau se propose de le guider jusqu’à l’ile de Batz, à une distance de quatorze lieues, c’est-à-dire à deux bonnes journées de chemin. Est-ce bien à Plouguerneau qu’il rencontra ce porcher ? Quoi qu’il en soit, saint Pol avec ses compagnons arrivant à l’ancien oppidum, entra par la porte monumentale qui se trouvait du côté de l’ouest, et cela correspond bien au point où aboutit l’ancienne voie romaine venant de cette direction, c’est-à-dire à la rue des Carmes, près de l’emplacement du vieux couvent des Carmes aujourd’hui détruit. On trouve encore dans cette rue, si je ne me trompe, l’ancien pavé romain composé d’un béton très dur, un peu rongé par l’eau du ruisseau qui coule au milieu de la chaussée. Tout près est la fontaine que saint Pol trouva et bénit, vénérée maintenant sous le nom Lenn ar gloar, fontaine de la gloire, à moins que ce ne soit une autre fontaine voisine qui a été comblée et qui était connue sous la dénomination de Feunteun Baol, fontaine de saint Pol.