Saint Christophe

SAINT CHRISTOPHE

Fête traditionnelle le 25 juillet pour certains calendriers, pour d’autres, le 21 août. Le personnage populaire, à l’existence incertaine, dont on avait fait le patron des voyageurs et des automobilistes, « Regarde St Christophe et va-t-en rassuré », a disparu du nouveau calendrier romain (1970).
Il était vénéré, depuis le Vème siècle en Asie-Mineure. Son culte s’est répandu dans tout l’occident. Son nom, qui signifie en grec « Porte-Christ », vient de la légende selon laquelle, passeur auprès d’un fleuve, il aurait eu un jour à le faire traverser à un petit enfant, sous le poids duquel il faillit succomber, et qui n’était autre que le Christ portant le monde. Il serait mort martyr (vers 250).

Son histoire en avait fait en outre le patron des arbalétriers, des portefaix, des forts de la halle, des foulons et des fruitiers. (D’après Fêtes et Saisons).
Voici maintenant une anecdote, concernant St Christophe en lien avec le petit St Christophe, porté aux processions de Plouguerneau.
Véridique? Légende? Miracle? Miracle peut-être, à la manière dont ce mot « miracle » est employé par les médias, à notre époque. (Ex: une grue est tombée dans une cour d’école : c’est « miracle » que personne n’ait été blessé; une explosion due à une fuite de gaz détruit un immeuble, c’est « miracle » que les habitants s’en sortent indemnes!…etc.)
L’histoire qui va suivre, m’a été rapportée par une personne qui m’en a certifié la vérité! (cette personne aurait eu 103 ans cette année…)
Elle aurait été vécue, soit au siècle dernier, soit au début du siècle, je n’ai pas de date précise…

Tonton Saïk, donnons-lui ce nom, est marin-pêcheur, goémonier, habitant la côte plouguernéenne : Lilia, Kélerdut, St Michel ou Correjou, il est le patron du « St Christophe ».
La vie est dure, il faut « gagner sa croûte », il faut sortir en mer même par gros temps, et le « St Christophe » met à la voile et s’en va vers ses lieux de pêche…
Tonton Saïk en a vu d’autres…Hélas! cette fois-ci, le gouvernail ne répond plus, les voiles déchirées pendent lamentablement…. La tempête est là, force 8 – 9 ,arrivée brusquement.
La barque n’est plus gouvernée, elle est comme folle, et tonton Saïk n’y peut rien…
Alors une pensée, une prière vers le ciel : Saïk est très pieux… A cette époque, c’était l’ultime recours! Mais, le ciel ne répondit pas, sinon par un coup de vent plus fort que les autres.

Le marin a beau lutter, le « St Christophe » n’est qu’un frêle esquif sur une mer démontée, un bouchon, qui finalement se fracasse sur les rochers, nombreux à cet endroit.
Le lendemain, des planches du « St Christophe » sont retrouvées à la côte où l’on ne parle que de tempête et de naufrage.
Et bientôt, la famille va faire célébrer un « libera » et une messe à l’église de Plouguerneau pour le repos de l’âme du disparu, comme cela était d’usage, en ces pénibles circonstances.
Mais plusieurs jours plus tard, qu’elle ne fut la surprise? On vit arriver à Plouguerneau Tonton Saïk, fatigué, mais vivant…!
Que s’était-il donc passé? « Et le ciel lui a répondu. »
Et Tonton Saïk de raconter sa mésaventure :….
Voyant sa barque désorientée, déportée vers les rochers et finalement se fracassant, il avait réussi à agripper quelques planches, à s’y amarrer grâce à un « bout » qu’il avait pu trouver. Alors… le vent et les courants se portèrent jusqu’à l’île de Batz.
Recueilli par une famille de l’île, qui l’avait trouvé sans connaissance sur une grève, il fut soigné et peu à peu réussit à se faire connaître et à raconter ce qui lui était arrivé.
Et les îliens, à leur tour, de lui faire savoir qu’il avait été trouvé, amarré à une planche qui portait la médaille qu’il avait voulu encastrer sur le plat-bord de son bateau.
Revenu à Plouguerneau, en reconnaissance…, Tonton Saïk voulut, chaque année, acheter, à la vente aux enchères, dans l’église de Plouguerneau, le dimanche avant l’Ascension, la statue du petit « Saint Christophe » pour la porter à chaque procession, en remerciement pour son sauvetage (il en était persuadé).

Et il le fit, durant plusieurs années, jusqu’au jour où il dut céder son droit de porter le petit saint, aux processions de Plouguerneau.

Texte de Noël L’Hour