Saint Fiacre

SAINT FIACRE (Saint FEFRE)
Ermite – Patron des jardiniers

 

 

« Qu’est-ce donc qu’Appolos ?
Et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs par qui
vous avez embrassé la foi et chacun d’eux selon
ce que le Seigneur lui a donné.
Moi, j’ai planté. Appolos a arrosé mais c’est Dieu
qui donne la croissance.
Ainsi donc, ni celui qui plante n’est quelque chose
ni celui qui arrose,
mais celui qui donne la croissance : Dieu.
Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un,
mais chacun recevra son propre salaire,
selon son propre labeur ».
(Saint Paul. Lettre aux Corinthiens)

Saint Fiacre était, dit-on, le fils aîné d’un roi d’Ecosse( ou d’Irlande) qui régnait au début du 7ème siècle. Instruit par Conan, évêque de Soder, et devenu modèle accompli de toutes les vertus chrétiennes, il résolut d’abandonner la cour et la succession du royaume pour s’occuper du salut de son âme. Il quitta son pays avec la princesse Sira, sa soeur, à bord d ‘un vaisseau qui les débarqua en France. Ils comptaient se réfugier à Rome mais ils firent tout d’abord une halte à Meaux, attirés par la réputation de sainteté de l’évêque du lieu, St Faron. Ils y restèrent jusqu’à la fin de leurs jours!

Sira entra en effet dans un couvent et St-Faron donna à Fiacre un terrain isolé dans la forêt pour y bâtir une cabane en bois, au lieu où s’élevèrent plus tard le monastère et le village de Breuil.
Pendant des années, Fiacre mena dans cet ermitage une vie austère consacrée à la prière et au travail manuel. Il défricha de ses mains un jardin pour subvenir à ses besoins. Il accueillait des pauvres et des malades, s’attirant le respect et même la vénération de tous ceux qu’il aidait et guérissait.
Le nombre de personnes venant lui demander conseils, aide ou guérison devint tel qu’il sollicita un jour de son protecteur, St Faron, l’agrandissement de son ermitage et du jardin qui l’aidait à nourrir les pèlerins. St Faron lui accorda tout le terrain qu’il pourrait entourer d’un petit fossé en travaillant durant une journée.
Fiacre se mit donc à l’ouvrage. La légende veut que par un prodige de la divine Providence, alors qu’il traçait un sillon pour marquer l’espace qu’il désirait entourer, la terre se soit ouverte d’elle-même en forme de fossé tandis que les arbres tombaient de chaque côté. A cette vue, une femme qui passait l’accusa de sorcellerie et alla le dénoncer à l’évêque. En attendant ce dernier, Fiacre s’assit sur une pierre qui se creusa en forme de chaise. La pierre, objet de ce miracle, a été conservée longtemps dans la chapelle abritant le tombeau de St- Fiacre. A son arrivée, St Faron ne put que constater les miracles et louer Dieu ! Plus tard Fiacre fit jaillir une fontaine fort utile pour son travail de jardinier.
Un jour, un seigneur scott ( ce qualificatif désignait à l’époque aussi bien les écossais que les irlandais) du nom de Chilan, parent de Fiacre, vint lui rendre visite au retour d’un voyage à Rome. Après son séjour chez Fiacre, Chilan décida de renoncer à tous ses biens et de consacrer sa vie à Dieu. St Faron l’ordonna prêtre et l’envoya évangéliser les païens de l’Artois.
A la mort du roi, son père, le frère cadet de Fiacre hérita de la couronne d’Ecosse. Mais rapidement, sa vie de débauche et son adhésion à l’hérésie pélagienne provoquèrent l’indignation de la population et il fut déposé par les Grands du royaume. Ces derniers décidèrent d’envoyer des ambassadeurs à St Fiacre pour lui offrir la couronne. Averti par un songe, Fiacre supplia le Seigneur de l’aider à refuser cette charge. Il fut exaucé: à l’arrivée des ambassadeurs, une lèpre hideuse recouvrait son visage et il n’eut aucune peine à les convaincre qu’il ne pouvait, en raison de son état, exercer une charge royale.
Saint Fiacre mourut, dans la paix, le 30 août de l’an 670. Il fut enseveli dans la petite chapelle qu’il avait fait construire en l’honneur de la Vierge Marie. Les guérisons miraculeuses se multiplièrent à son tombeau. Sa réputation se répandit dans tout le royaume. Plusieurs rois et reines, dont Louis XIV lui-même, sont venus prier devant le tombeau du saint, de même que Bossuet et plusieurs saints, St-François de Salles et St-Vincent de Paul.
Vers 1640, le nombre de parisiens qui allaient en pèlerinage à Breuil était tellement élevé qu’il fallut organiser une service de voitures de place. On les louait à l’origine à l’hôtel St-Fiacre à Paris. Ces carrosses , qui furent ensuite utilisés sur Paris même, prirent tout naturellement le nom de fiacre.
Avant la Révolution, St Fiacre était l’un des saints les plus populaires de France. Il était le patron des jardiniers mais on l’invoquait aussi pour plusieurs maladies, notamment pour les hémorroïdes, vulgairement appelées mal de St-Fiacre.
Le 30 août 1861, l’évêque de Poitiers a dit dans son homélie , à l’occasion de la fête du saint: » La culture d’un jardin est une occupation si noble et si douce qu’on a vu des hommes la préférer au titre de roi où à celui de prophète. C’est en même temps une occupation si élevée et si pure qu’elle est devenue, pour d’autres hommes, l’apprentissage de la royauté et l’école de la sainteté ».
Dans la collection des petits saints de Plouguerneau, Saint-Fiacre est représenté en tenue d’ermite; il tient une pelle de la main droite et le Livre de la main gauche.

Texte de Noël L’Hour