Saint François d’Assise

SAINT FRANCOIS D’ASSISE
nouveau « petit-saint »

La communauté «  des petits saints » de Plouguerneau accueille son petit dernier.

La nouvelle de la création de ce nouveau `Petit Saint’ n’étonnera que ceux qui ne sont pas anciens de cette vénérable institution qu’est le Collège Saint-François de Lesneven. En effet, tous ceux d’entre nous qui y avons passé nos années d’adolescence à étudier sous le regard bienveillant de Saint François d’Assise- et nombreuses sont les familles de Plouguerneau qui, depuis plus d’un siècle et demi, ont confié, et continuent de confier au « Collège » l’éducation de leurs enfants – ne pourront qu’apprécier une telle initiative. Sans nul doute, il y avait là une lacune à combler.

Loin de moi l’intention d’introduire une notion négative, mais il n’est pas impossible que l’idée soit née d’un petit sentiment de jalousie. En effet, il y a maintenant quelques années le Père François Boucher, Salésien de Dom Bosco, originaire du Grouanec, suggéra de créer un `Petit Saint’ pour représenter Saint Jean Bosco, qui a patronné les études de plusieurs jeunes de notre région, tant à Coat An-Doc’h qu’à l’Institut Lemonnier à Caen. Un groupe se constitua rapidement et désormais Dom Bosco sillonne tous les ans la campagne plouguernéenne lors du pardon du 15 août. On pourrait donc y voir une des nombreuses raisons qui ont incité l’abbé François Moysan, (ancien vicaire général du diocèse de Quimper et ancien élève du Collège Saint-François à souffler à l’oreille de l’abbé Claude Chapelain, curé de la paroisse, qu’un Saint François d’Assise avait tout naturellement sa place dans cette communauté des « Petits Saints ». Personnellement, je ne vois aucun mal à ce genre de rivalité. Bien au contraire, je suis ravi de constater que l’idée a fait son chemin et est parvenue à son aboutissement. Il se trouve que je suis ancien élève à la fois de Coat et de Saint François.

Certains esprits chagrins trouveront peut-être à redire à cette entorse à l’histoire, ou à la tradition. Selon cette dernière, les « Petits Saints » furent créés au nombre de trente-trois (le chiffre parfait ?) vers l’an 1640, « après que la population plougueméenne fut épargnée par la peste, à la suite d’un voeu qu’elle aurait prononcé ». Mais les traditions sont faites pour qu’on les fasse vivre, et nos ancêtres l’auront bien compris en ajoutant d’autres « Petits Saints » au fil des siècles, car il est indéniable que c’est là l’expression d’une foi populaire – celle qui fit les bâtisseurs de cathédrales – qui doit être perpétuée à travers les générations.

C’est dans cet esprit que sont nés quelques nouveaux « petits-saints » ces dernières années. Certaines donations sont dues à l’initiative de groupes. Il y eut tout d’abord Saint Gouesnou, que portent fièrement les gens du Grouanec, et principalement ceux du Naount. A Plouguerneau, il était également tout naturel qu’il y ait un Dom Michel le Nobletz. D’autres sont l’aboutissement de projets plus ou moins personnels. C’est ainsi qu’est né Saint Augustin, dont la paternité revient à Goulven Madec, celui-là même auquel nous devons une remarquable vie de Saint Augustin, document publié dans un numéro spécial du 15 août. Puis est venu le Père Maunoir, le disciple de Dom Michel le Nobletz, et dont nous nous sommes enrichis grâce à Fanch Morvannou. Et enfin, il faut encore citer Jeanne Jugan, fondatrice des « Petites Soeurs des Pauvres ». Nous sera-t-il permis de rappeler que ces dernières ont récemment été distinguées par le Président Jacques Chirac pour leur travail auprès des plus déshérités de notre société, et aussi parce que leur présence attentionnée à permis d’éviter qu’il y ait, dans leurs hospices, un seul décès dû à la tristement célèbre canicule.
Et c’est bien dans cet esprit aussi que l’idée d’un Saint François d’Assise a fait son chemin. Le projet a mûri au sein d’un groupe de ces « anciens » qui, contre vents et marées, n’ont jamais perdu le contact. Je veux parler de quelques-uns des joueurs qui composaient l’équipe de football qui ramena la coupe de France à Saint François en 1952. Très rapidement le groupe s’est étoffé, ce qui permet à notre nouveau « petit-saint » de voir le jour.

Mais il est impératif que d’autres viennent encore se joindre à nous. C’est la volonté de l’abbé Chapalain que les groupes de porteurs soient suffisamment étoffés et autogérés. En effet, en l’absence de porteurs, n’importe quel « petit-saint » restera sur son banc à regarder ses compagnons partir à travers la campagne plouguernéenne. C’est d’ailleurs ce qui faillit arriver à Sainte Barbe. Les pompiers n’étant pas là pour la porter, il fallut faire appel, si je puis dire, au Samu – c’est-à-dire à des volontaires. Il semblerait aussi que le Père Maunoir aurait tout intérêt à aiguillonner la conscience de quelques bretonnants supplémentaires s’il veut continuer de suivre Dom Michel.

Il ne faudrait pas qu’une telle mésaventure arrive à notre Saint François. En mettant bout à bout toutes les générations d’anciens, nous sommes largement assez nombreux pour que la relève soit assurée. J’espère que notre message parviendra au plus grand nombre, d’abord à ceux qui habitent notre commune, mais aussi tous les autres, par le biais de leurs parents ou grands-parents. Nous comptons sur tous et sur toutes. J’ai bien dit « tous et toutes ». Depuis quelques décennies, en effet, le Collège Saint-François – devenu depuis Lycée Saint François – Notre Dame – est mixte, et il a déjà accueilli un grand nombre de jeunes filles. Et nous lançons aussi cet appel à l’adresse des élèves actuels de notre ancienne institution.
Depuis quelque temps, le célèbre Cantique à Saint François n’est plus chanté au Collège. Sans doute, les oreilles du saint ne supportaient-elles plus d’entendre toute l’assemblée de la chapelle « hurler » les paroles à s’en décrocher la mâchoire. Mais nous aurions grand plaisir à l’apprendre à tous ceux et toutes celles qui souhaiteraient être des nôtres. Et pour compléter cette page, je me permets de joindre les paroles du cantique.

Texte de Jo Le Gad,
ancien élève et ancien professeur

CANTIQUE A SAINT FRANÇOIS
Refrain
François, le pauvre du Seigneur,
Le moine aux séraphiques flammes,
Par pitié pour nos pauvres âmes,
Viens à nous avec ton grand cœur, François, le Pauvre du Seigneur.
Sais-tu que le siècle où nous sommes
A besoin dan saint comme toi !
Partout la haine saure les hommes,
Partout le mépris de la Foi
Si tu revenais sur la terre,
A voir Jésus-Christ blasphémé,
De quels cris tu crierais, Père
L’Amour, l’Amour n’est pas aimé ;
Dis-nous donc? la douceur de vivre
En s’armant beaucoup ici-bas ;
Si nous pourrions lire en ton livre,
Et marcher nos pas dans tes pas
Apprends-nous l’aimable langage
Par quoi, tu charmais les oiseaux,
Le soleil, et le loup sauvage,
Et les poissons, et les ruisseaux.
Que ton nom huit fois séculaire,
0 glorieux Stigmatisé,
Redonne à notre pauvre terre
L’élan que l’Enfer a brisé
Que par toi la Paix refleurisse
Jusqu’au cœur de l’Humanité .
Obtiens que Jésus nous bénisse,
0 grand Saint de la Charité.