Saint Pol Aurélien

SAINT POL AURELIEN
ST POL DE LEON – SANT PAOL
Apôtre de la Bretagne

Saint Pol de Léon est l’archétype même
des moines venu d’ Outre Manche aux
5ème et 6ème siècles pour poursuivre l’
évangélisation de l’Armorique.
Tout au long de son existence, en effet,
on retrouve les ingrédients nécessaires :
– enfance dans une famille noble,
– désir de se vouer à Dieu dés l’enfance
– refus des honneurs,
– combat contre un dragon,
– soumission de divers animaux,
– élévation(fréquente) à l’épiscopat,
– retraite dans la solitude et la méditation

La vie de PAUL ou POL, surnommé AURELIEN, a été écrite à Landévennec , en 884, par le moine Wrmonoc. Il est né à la fin du 5ème siècle( vers 490)dans la région de Pénohen (ce qui signifie tête de bœuf, du nom d’une idole qu’on y vénérait) dans le Clamorgan, en Galles du sud. Il était l’aîné d’une famille noble qui comptait 11 enfants.

Son père le destinait tout naturellement au métier des armes mais POL s’était voué à la solitude et à la prière. Son père l’envoie alors dans une école monastique de l’île de Caldey dirigée par Ildut, un homme pieux et instruit qui assura la formation de nombreux saints bretons, Samson, Malo, Brieuc, Gildas.

La légende rapporte qu’à la demande de Pol et de quelques autres disciples, Ildut traça un jour, avec un bâton, une limite et ordonna à la mer, qui menaçait le monastère, de ne plus la franchir. Un autre auteur attribue ce miracle à Pol lui-même. Ce dernier est crédité d’un autre miracle: il rassembla un jour tous les oiseaux qui avaient ravagé la moisson qu’il avait été chargé de surveiller. Il leur ordonna de se laisser conduire jusqu’au monastère pour subir la sanction qu’ordonnerait Ildut. Puis d’un signe et sur l’ordre de son maître, il rendit leur liberté aux oiseaux.

A 16 ans, Pol sollicita l’autorisation de devenir ermite et de se retirer dans un lieu inhabité. Il se bâtit un petit oratoire et une modeste cellule. Il vécut ainsi six années dans la prière, en pratiquant un jeûne rigoureux. Plusieurs moines, attirés par sa réputation de sainteté, se joignirent bientôt à lui.

Ordonné prêtre par l’évêque de Winchester(autrefois Guic Kastel) il refusa une charge épiscopale qui lui était proposée par le roi Marc et demanda à partir pour l’Armorique. Avant son départ, il sollicita du roi un seul présent: une des 7 clochettes utilisées pour appeler les convives à la table royale mais le roi lui refusa cette faveur.

Un jour donc, POL quitte l’Angleterre pour aller évangéliser la Bretagne. Il est accompagné de 12 prêtres et de quelques laïcs de sa famille. Le voyage se passe sans encombre et leur vaisseau aborde sans difficulté dans l’île d’Ossam (aujourd’hui Ouessant).

Mais Dieu leur demande d’aller plus loin. Ils reprennent bientôt la mer et accostent à Mélon puis à Lanildut. Pol et sa troupe gagnent Lampaul-Ploudalmézeau puis reviennent sur Lampaul-Plouarzel où l’un des moines, Jaoua , souhaite s’établir en ermite. Quatre fois un buffle démolit sa cabane et Pol doit intervenir pour calmer l’animal.

L’apôtre repart bientôt vers le nord-est, s’arrête au Grouanec où il fait jaillir trois sources pour désaltérer ses compagnons. Une chapelle a été construite sur l’emplacement de l’une de ces sources: c’est la chapelle de Prat Paol.

Un gardien de pourceaux conduit Pol dans la cité d’Occismor qui deviendra plus tard la ville de St-Pol de Léon. Le roi du pays Withur est en déplacement dans l’île de Bath. Pol s’y rend alors et a la surprise de reconnaître en Withur un de ses cousins qui avait traversé la Manche avant lui. Alors qu’ils s’entretiennent du passé, le gardien du vivier royal apporte au roi un très beau saumon. On le dépèce et on trouve une petite cloche, ce qui provoque le rire de Pol: c’est en effet la clochette que le roi Marc avait refusé de lui donner avant son départ. Withur, homme très pieux, remet la clochette à Pol et lui promet toute son aide pour l’évangélisation du pays. Cette cloche « Hir Glaz » est toujours vénérée dans la cathédrale de St Pol de Léon.

Puis le roi Withur raconte à Pol les ravages causés dans l’est de l’île de Bath par un énorme serpent qui dévore hommes et animaux. Il a essayé sans succès de le tuer. Pol se fait conduire à l’entrée de la caverne où se cache le dragon. Il ordonne à ce dernier de reconnaître la puissance du Christ. Puis, avec l’aide d’un jeune homme de Cléder, Nuz, il lance sur l’animal son étole qui s’enroule autour de la tête du monstre. Pol le traîne sur la pointe d’un rocher et le précipite dans la mer. Le pied de ce rocher est encore appelé de nos jours « toull ar sarpant ».

En remerciement, le roi Withur donne à Pol tous ses domaines de Batz pour y bâtir un monastère. On prétend même que le roi lui donna la ville d’Occismor et qu’il alla s’installer lui-même dans une autre bourgade de ses états.

Quelques années plus tard, le roi et les habitants demandèrent à Pol d’accepter l’épiscopat. Mais il refusa énergiquement cet honneur. Withur imagina alors un stratagème: il pria Pol d’aller à Paris rendre visite au roi des Francs Childebert et lui remettre un pli scellé. Dans ce message, Withur demandait en fait à son suzerain de convaincre Pol d’accepter le poste épiscopal. Childebert fit remarquer à Pol qu’il était contraire à la volonté de Dieu de refuser de faire fructifier un talent reçu de lui et de fuir une charge que le Seigneur veut nous imposer. Pol s’inclina et reçut à Paris même l’onction épiscopale: c’était en l’an 530.

Pol a été le premier évêque du Léon. Il a rempli sa charge pendant de longues et fructueuses années, veillant avec soin sur son clergé, fondant de nombreux monastères, à Kerlouan, Plougar, Lampaul -Guimiliau, entre autres. Il est du nombre des sept fondateurs d’évêchés bretons.

Sentant ses forces décliner, il choisit un coadjuteur qui mourut l’année suivante, puis un second qui décéda dans l’année. Pol y vit la volonté de Dieu de le voir poursuivre son ministère.
Plus tard, affaibli par l’âge, il se résigne à choisir un troisième coadjuteur, saint Corentin.
Entre temps, témoin de la guérison d’un aveugle par Pol, le roi Judual avait donné à ce dernier un vaste domaine sur Santec et Roscoff, domaine qu’on appela le Minihy.

St Pol se retira dans son monastère de Batz et mourut le 12 mars 572. Il avait demandé que son corps soit inhumé dans la cathédrale de St Pol. Les îliens s’y opposèrent. L’évêque décida alors que le cercueil serait placé entre 2 charrettes, l’une tirant vers l’île, l’autre vers le continent. Les bœufs tirant vers le continent l’emportèrent et le vœu de St Pol put être exaucé. La terre de la cathédrale fut appelée désormais Saint Pol, en breton Kastell Paol.

Les reliques de St Pol, emportées en 954 au monastère de Fleury sur Loire pour échapper aux invasions normandes furent détruites par les calvinistes au 16ème siècle. Seul l’os d’un bras a été sauvegardé et se trouve dans le reliquaire de la cathédrale de St-Pol de Léon. Les insignes du saint sont l’évangéliaire et la cloche. Son attribut est le dragon, symbole du dragon invisible qu’il a chassé du pays. Les insignes de sa fonction sont l’évangéliaire et la cloche(Hirglas)

Dix sept édifices religieux lui sont consacrés, presque tous dans le Léon, par exemple la cathédrale de St Paul de Léon, bien sûr, les églises de Lampaul-Guimiliau, de Lampaul-Plouarzel, de Lampaul Ploudalmezeau, de Lampaul à Ouessant et l’église de Tréglonou, sans compter de nombreuses chapelles dont une à Plouguerneau.

Dans la collection des petits saints de Plouguerneau, saint Pol, dont la fête est fixée au 12 mars, est représenté en tenue d’évêque, terrassant un dragon montrant son énorme langue rouge.

Nous pouvons le prier comme autrefois :

« Aotrou Doue
C’hwi ho-peus digaset an eskob santel Paol,
A dreuz ar mor,
Evid sklerijenna on tadou gand feiz or Zalver ;
Selaouit outan oh alvokadi evidom,
Ha roit deom ar hras da vired beo
Ar feiz e-neus prezeget,
Ha da heulia e roudou war hent ar vuhez peurbaduz,
Drez or Zalver Jezuz Krist. »
« Seigneur Notre Dieu,
par le ministère de saint Pol,
premier évêque de Léon,
tu as enrichi nos pères dans la lumière de la foi ;
accorde-nous, à sa prière,
de garder la foi qu’il nous a enseignée
et de suivre le chemin qu’il nous a tracé »

Texte de Noël L’Hour