Sainte Anne

SAINTE ANNE
( SANTEZ ANNA )

Patronne de la Bretagne

« Itron santez Anna
Ni ho ped a galon
Ni en em lak gant joa
Dindan ho proteksion ».

Anne, Mère de Marie,
Dans toutes nos difficultés
Démontrez à notre esprit
La force de votre prière !

Sainte Anne est l’épouse de Joachim et la mère de la Vierge Marie. La gloire d’un enfant rejaillit toujours sur ses parents: la gloire de Anne est d’avoir mis au monde la Vierge Marie, mère de Jésus le Rédempteur. Les évangélistes ne parlent pas d’elle. Si les ascendants de Joseph sont longuement énumérés dans la généalogie du Seigneur, par contre , il n’est fait aucune mention de la famille de Marie, qui était sans doute établie à Nazareth et à Séphoris, en Galilée. Vers le milieu du 2ème siècle est apparu en Orient un évangile apocryphe, probablement alimenté par la tradition orale. Cette littérature populaire a donné des noms aux parents de Marie : Joachim, c’est à dire « Dieu d’accord » et Anne, c’est à dire « La Gracieuse », et elle a prétendu que tous deux étaient de la famille royale de David.

Selon ces textes, Joachim et Anne ont reçu Marie dans leur vieillesse, comme Zacharie et Elisabeth, comme Abraham et Sara. Après l’apparition d’un ange du Seigneur lui annonçant que Dieu avait exaucé leurs prières, Anne, toute joyeuse, se jeta, dit-on, au cou de son mari revenant des pâturages, en lui disant : « Je sais que le Seigneur m’a bénie ». Joachim et Anne ont éduqué leur petite fille en ouvrant son cœur à l’Eternel et ont ainsi participé du mystère de l’Incarnation.
Sainte Anne a d’abord été honorée en Orient, dés le 6ème siècle. Son culte s’est répandu en Occident à la faveur des Croisades. La mère de Marie devint très populaire en Allemagne et en France, où son plus ancien sanctuaire se trouvait à Apte, dans le Vaucluse. C’est en 1584 que, d’après le chanoine Pérennes, le Pape Grégoire XIII fixa au 26 juillet la célébration de la fête de Sainte Anne.
Mais l’apparition de la Sainte à Auray, en 1623, donna une extension extraordinaire à cette vénération en Bretagne. On connaît l’histoire de Yves Nicolazic, ce paysan breton qui a créé le mouvement général entraînant tous les ans vers Ste-Anne-d’Auray des dizaines de milliers de pèlerins et de visiteurs. En septembre 1996, c’est le Pape Jean-Paul II qui est venu prier Sainte Anne sur le sol même où elle a désiré que soit édifiée une chapelle en sa mémoire.
Yves Nicolazic, paysan actif et aisé, était né le 3 avril 1591 et habitait le village de Ker Anna. Intelligent, charitable, bon chrétien, il menait une vie exemplaire. Dans les dépendances de sa ferme se trouvait un champ appelé « le Bocenno » sur lequel avait été édifiée autrefois, disait-on, une petite chapelle dédiée à Ste Anne. Il était travaillé à la bêche car les bœufs refusaient d’y faire passer la charrue à certains endroits.
Au début du mois d’août 1623, Nicolazic eut à plusieurs reprises la vision d’un flambeau de cire apparaissant dans une vive clarté. Puis un jour lui apparut une Dame majestueuse, vêtue d’une robe blanche et portant un flambeau allumé. Le 25 juillet de l’année suivante, cette Dame révéla à Nicolazic qu’elle était Anne, mère de Marie et qu’elle désirait voir rebâtie son ancienne chapelle. Nicolazic s’attacha à réaliser ce souhait malgré le scepticisme de son recteur, l’incrédulité du clergé local, les sarcasmes et même les menaces. Dans la nuit du 7 au 8 mars 1625, avec quelques amis, il fut conduit par Ste Anne dans le Bocenno et, en creusant le sol à l’endroit indiqué par la sainte, il découvrit une vieille statue de bois, toute défigurée, qui gisait là depuis des centaines d’années. Cette statue devint aussitôt l’objet d’une vénération particulière dans toute la région. A l’issue d’une longue et minutieuse enquête ordonnée par l’évêque, fut autorisée la construction d’une chapelle. La première messe y fut célébrée le 26 juillet 1625 par le recteur lui-même, revenu de ses doutes et miraculeusement guéri. A la mort de Nicolazic, le 13 mai 1645, le pèlerinage de Sainte Anne était déjà l’un des plus fréquentés en France. Nicolazic fut enterré à l’endroit même où il avait découvert la statue de « sa bonne patronne ».
Grâce aux missionnaires et aux marins, le culte de Ste Anne s’est répandu jusqu’au Canada où la mère de Marie a été proclamée Patronne du Québec. La vénération pour Anne était tellement forte autrefois en Bretagne que les anciens croyaient naïvement qu’elle y était née. Une légende prétendait que, née dans un manoir près de Ste-Anne-la-Palud, elle était allée accoucher en Judée et qu’elle était revenue mourir au Portzic, portée par des anges. Légende bien sûr, mais qui prouve l’attachement de nos ancêtres à la mère de Marie.
Un auteur a pu écrire qu’en Bretagne, avec le culte de Marie, les racines de la foi plongent dans l’humus de la trilogie bretonne : la fontaine, la croix et la chapelle.
Ce n’est pourtant qu’en 1912 que les évêques bretons obtinrent pour Sainte Anne le titre de « Patronne de la Bretagne », d’où son surnom de « Mam Gozh ar Vretoned ».
Dans la collection des petits saints de Plouguerneau, la statue d’Anne la représente à côté de Marie enfant, qui est debout et tient dans ses mains un rouleau de parchemin. A Enez Kadeg se trouve aussi une belle représentation de Marie enfant, les mains jointes et agenouillée devant sa mère. N’oublions pas que par Anne et Joachim nous est venue la bénédiction promise à tous les peuples.

Texte de Noël L’Hour