Saint Eloi

SAINT ELOI ET SANT ALAR

SANT ALAR – Protecteur des chevaux

 

 

Dans la collection des Petits Saints de Plouguerneau figure un beau Saint Eloi, ministre de deux rois de France, maître en orfèvrerie et considéré comme le patron des orfèvres et de toutes les professions qui font usage d’un marteau. Et pourtant, beaucoup de personnes chez nous confondent St Eloi et Sant Alar, protecteur des chevaux. Le breton a toujours été proche de la nature et les animaux sont facilement mêlés à l’hagiographie de notre province. Le paysan breton a toujours cherché des protecteurs pour ses bêtes et il a chargé Sant ALAR des chevaux. Qui dit chevaux dit maréchal-ferrant, donc usage du marteau. C’est sans doute le lien entre les deux saints. Il existe entre eux, dans l’inconscient collectif la même confusion qu’entre l’Archange St Michel et dom Michel Le Nobletz.

 

Sant ALAR est un saint inconnu qui n’apparaît nulle part ailleurs que dans la tradition populaire.De nombreuses chapelles lui sont dédiées dans notre diocèse (citons par exemple Plouarzel, Ploudaniel, Nizon, Plouigneau, Gouézec). Il est fêté, dit le Propre de Quimper et Léon, au mois de juin et toujours à l’occasion des pardons de chevaux.

Sant ALAR a probablement couvert de son nom des rites païens qu’il a christianisés. Sa vie étant oubliée, c’est peut-être après les invasions normandes, quand la Bretagne se tourne résolument vers la France, qu’il a dû céder la place au grand St-Eloi.Seul son nom est resté revêtu des ornements de ce dernier.

On connaît à son sujet diverses légendes : celle racontée par Jacques Voragine rapporte qu’étant apprenti chez un maréchal-ferrant, Alar se voit confier le soin de ferrer la patte d’un cheval. Ne pouvant le faire en raison de l’agitation de l’animal, il décide de lui couper le pied pour placer plus facilement le fer. Grosse colère de son maître ! Pour l’apaiser, Alar remet tout simplement le pied à sa place et le cheval repart de plus belle.


SAINT ELOI – Ministre, Evêque et Héros de chansons populaires

Popularisé par la chanson, le bon Saint-ELOI n’est pas un personnage de légende mais l’une des personnalités les plus marquantes et les plus connues de son époque. Une charte et des monnaies conservées jusqu’à nos jours sont signées de lui.

Il est né vers 588 dans le petit village de Chatelac, aux environs de Limoges, dans une vieille famille gallo-romaine. Tout jeune, il est envoyé par son père en apprentissage à la Monnaie de Limoges dirigée par le maître orfèvre ABBON. Il fait en peu de temps de rapides progrès et ses premières œuvres révèlent un talent précoce.

Quelques années plus tard, sa réputation s’est étendue à une grande partie du royaume et le roi Clotaire II le fait mander à Paris et il le nomme adjoint du Trésorier royal. Excellent artisan, ELOI est aussi scrupuleusement honnête : ayant reçu, pour faire un trône au roi, une trop grande quantité d’or, il en fabrique un deuxième au lieu de garder pour lui l’or restant. Le roi le prend alors à son service comme argentier du royaume. Il devient l’un des principaux conseillers de Clotaire, qui meurt en 620, puis de son successeur DAGOBERT, décédé à son tour en 639. Ces deux rois surent s’entourer d’hommes de valeur, St-Didier, futur évêque de Cahors, St-Ouen, futur évêque de Rouen.

ELOI mène à bien des missions diplomatiques, consolidant par exemple la paix entre JUDICAEL, roi de Bretagne et DAGOBERT. Monétaire remarquable, il frappe des monnaies de qualité et tente de mettre fin à l’anarchie qui règne alors dans ce domaine. Mais ses contemporains l’admirent surtout pour ses travaux d’orfèvrerie : il a orné de nombreux tombeaux dont celui de St Martin.

Eloi vit simplement, porte un calice, fait beaucoup d’aumônes, rachète beaucoup de prisonniers vendus en Gaule par les armées françaises. Il érige un monastère d’hommes sur son domaine de Solignac qui lui a été cédé par le roi et fonde à Paris un couvent de moniales. On lui attribue déjà des miracles et des guérisons. A la mort du roi Dagobert, il quitte la cour et reçoit le sacerdoce en 639.

Sacré évêque de Noyon, il sait s’adresser aux fidèles en termes simples et directs. Il fonde des hôpitaux, bâtit des monastères et s’attache avec courage et persévérance à la conversion des païens encore nombreux dans son vaste diocèse dont font partie les régions de Lille, de Gand et de Courtrai (en Belgique). Il se désole par ailleurs de voir le désordre s’installer dans le royaume après la mort du roi Dagobert. Energique, entreprenant, il exige beaucoup de tous et même des saints : lors d’un incendie à Paris, il demande à St Martin de protéger l’église qui lui est dédiée et il ajoute : « Si tu la laisses brûler, je ne la reconstruirai pas ». L’église restera intacte.

St Eloi meurt vers 660, dans la joie dit-on, en pensant à la vie éternelle qui l’attend. La reine Mathilde, ses fils et une foule immense accourent à ses obsèques. La reine décide de transporter son corps à son abbaye de Chelles mais le cercueil devient si lourd qu’on ne peut le bouger.Le corps du saint, exhumé un an plus tard, est retrouvé intact.

Dés sa mort, St ELOI dont la vie a été décrite par St Ouen, son ami, archevêque de Rouen, a été honoré d’un culte particulier tant à Paris que dans le nord de la France et en Belgique, puis ensuite dans d’autres provinces.

Il est le saint patron des orfèvres et de tous les ouvriers qui font usage du marteau (horlogers, serruriers, chaudronniers, etc…).

St Eloi est enterré dans l’église St Leu de Noyon. Sa statuette parmi les petits saints de Plouguerneau le représente revêtu de l’habit épiscopal et tenant un marteau de la main droite.

Texte de Noël L’Hour