Etre Plouguernéen en 1851

ÊTRE PLOUGUERNEEN EN 1851
Version 1 : 17 Novembre 2012
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1 – La Commune de Plouguerneau en 1851

Commune de Plouguerneau, canton de Lannilis, arrondissement de Brest, département du Finistère. C’est de cette façon que l’atlas cadastral du 25 décembre 1842 présente la commune de Plouguerneau.

 

 

1.1 – Points de repère pour la France

En 1851, la France compte 39 millions d’habitants. La population rurale représente environ 75% de cette population.

Neveu de Napoléon Ier, Napoléon III est élu président de la Seconde République en 1848. Il mène un coup d’état en cette année 1851 qui conduira à l’instauration du Second Empire, et ce dernier devient ainsi empereur des Français.

1.2 – Points de repère dans le Finistère

En 1851, Le Finistère compte environ 617 000 habitants. Il est le second département breton après les Côtes-du-Nord.

Le Léon (87 communes sur 283) compte environ 200 000 habitants ( 140 000 habitants hors Brest ).

Le rail parviendra jusqu’à Brest en 1865 avec l’ouverture de la ligne Paris-Brest.

1.3 – Points de repère dans le Léon

Le recensement de 1851 donne une population de 6 246 habitants pour Plouguerneau. Le recensement précédent de 1846 donnait une population de 5 902 habitants. Le recensement suivant de 1856 donnera une population de 5 922 habitants. Cela représente 144 habitants au km2.

Cette population reste à ce jour la seconde pour la commune ( 1re : 2009 avec une population de 6 411 habitants – Source Wikipédia). Très intéressant car c’est la seule commune dans ce cas.

En comparaison en 1851, Lannilis compte 3 430 habitants, Lesneven 2 847 habitants, Landéda 2 133 habitants et Brest 61 160 habitants.

Avec cette population, en cette année 1851, Plouguerneau est la 5e commune la plus peuplée du Léon. Les communes de tête sont dans l’ordre : Brest (61 000), Morlaix (19 000), Lambézellec (11 000) et St Pol de Léon (7 000). Landerneau et Guipavas suivent.

Pour information, en 2009 Lannilis comptait 5 199 habitants, Lesneven 6 912 habitants, Landéda 3 920 habitants et Brest 141 315 habitants.

En 1851, Plouguerneau était donc relativement peuplée par rapport aux communes voisines et sa population est aujourd’hui sensiblement égale (pas forcement le nombre de constructions et de ménages).

Le « train patates » arrivera à Lannilis en 1894 et à l’Aber-Wrach en 1900.

Le premier pont de Paluden (pont suspendu) a été construit entre 1848 et 1851. Le pont actuel date de 1933.

1.4 – Points de repère dans le Pays Pagan

Extrait de : Le Léon – Louis Elégoët

LE PAYS PAGAN : Limité à l’ouest par La Flèche et, à l’est par l’Aber-Wrac’h, le Pays Pagan comprend les communes de Goulven, Plounéour-Trez, Brignogan, Guisseny et Plouguerneau. Occupant une position péninsulaire, ce territoire vit de la terre et de la mer, de même qu’il comporte un Arvor et un Ménez. Outre qu’ils sont limoneux, les sols bénéficient de l’apport de goémon et de treaz, c’est-à-dire de sables calcaires.

Avant que, dans les années 1940 à 1950, l’intérieur de la Paganie ne s’oriente vers les cultures légumières, il vivait, surtout, de la culture des céréales et de l’élevage de chevaux. Tout en tirant partie de petites fermes, les Arvoriz, c’est-à-dire les habitants de l’Arvor, vivent de la pêche et de la cueillette de goémon.

Activités agricoles et maritimes permettent à la Paganie de soutenir de fortes densités de population. En 1851, qui est l’année de son maximum démographique, ce territoire original compte environ 16 800 personnes soit 154 habitants au km².

Mais cette terre, notamment son Arvor, est particulièrement touchée par la misère. C’est ainsi que dans cette année 1851, 21 % des 1 402 habitants de la section de « Armorique » de Plouguerneau, qui correspond aujourd’hui, au territoire de Lilia sont dits indigents ou mendiants.

Il est vrai que l’ensemble de l’Arvor Pagan comporte une population particulièrement dense : en 1911, la section Kerurus de Plounéour-Trez atteint les 300 habitants au km2, celle de Lilia les 320. Dès les années 1840, le pays Pagan est frappé par l’exode rural : le dénuement des plus pauvres n’en est pas résorbé pour autant.

Il est vrai que les « Paganiz », encore plus que leurs voisins, hésitent à quitter leur microcosme. Entre 1851 et 1911, la population n’y décroit que de 8,6 %, alors qu’elle diminue de 14 % à Ploudaniel, de 16 % à Saint-Thégonnec et de 18,5 % à Ploudiry.

1.5 – Points de repère à Plouguerneau

Le premier phare de l’Île Vierge a été construit entre 1842 et 1845. le phare actuel sera construit entre 1897 et 1902. Le phare de l’Île Wrac’h a été construit en 1845.

L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (XVIIIe siècle) est en cours de reconstruction en cette année 1851 (à l’exception du clocher datant de 1701), aux frais des habitants et sur les plans de l’architecte Bigot pour remplacer l’ancien édifice détruit par un ouragan. L’église sera bénite le 17 juillet 1852 et consacrée le 19 juillet 1855 (Source : InfoBretagne).

Le maire, en cette année 1851, est « Louis Célestin de Poulpiquet ». Il a été désigné en 1843 et restera maire jusqu’en 1871. Il habitait au château de Lesmel.

Superficie de la commune : 43,33 km2 soit 4 333 hectares. Par estimation, on peut penser que les 2/3 des terres pouvaient être exploitées soit en arrondissant : 3 000 hectares.

2 – Population Globale en 1851

La suite de cet article se base sur le recensement de 1851 pour cette commune de Plouguerneau.

Un des points important de ce recensement, par rapport aux autres recensements de la même époque, est de distinguer précisément les différents acteurs du monde agricole :

  • 1. Les Propriétaires-Cultivateurs
  • 2. Les Fermiers
  • 3. Les Métayers ou Colons
  • 4. Les Journaliers
  • 5. Les Domestiques

Ce recensement ne prend pas en compte :

  • 1. Les militaires des corps de troupe de terre et de mer
  • 2. Les détenus des prisons
  • 3. Les individus placés au dépôt de mendicité, dans des asiles ou des hospices
  • 4. Les marins au long cours embarqués
  • 5. Les enfants placés en nourrice ou en pension sur une autre commune
  • 6. Les jeunes gens en apprentissage ou domestiques sur une autre commune

La commune se décompose en 6 Sections :

 

 

  • Le Bourg
  • Tréhénan ( secteur longeant L’Aber-Wrac’h de Perros à Prad-Poal )
  • Gorréploué ( secteur du Grouanec actuellement )
  • Trémeur ( secteur longeant la côte du Vougot à Creac’h-an-Avel )
  • Tréménac’h ( secteur de l’ancienne paroisse de Tréménac’h )
  • Armorique ( secteur de Lilia actuellement )

Il y a :

  • 8 Rues et 207 Villages, 1 236 Maisons et 1 270 Ménages

Ce recensement pour 6 246 habitants donne les valeurs suivantes :

  • Hommes : 3 039 dont : Garçons : 1 942, Mariés : 946 et Veufs : 151
  • Femmes : 3 193 dont : Filles : 2 004, Mariées : 953 et Veuves : 236
  • Aveugles : 6, Borgnes : 6, Sourds et muets : 7, Aliénés à domicile : 5, Déviation colonne vertébrale : 9, Perte d’un bras : 1, Perte d’une jambe : 2, Pieds bots : 2 et Autres maladies ou infirmités : 55

 

 

Les CHAPITRES 3 à 6 (détail de l’article) sont à lire au format pdf sur CALAMEO en cliquant ICI.

3 – Population par Métiers

4 – Population par Secteurs

5 – Population par Tranches d’Ages

6 – Population par Etat Civil

7 – Conclusion

7.1 – Un monde agricole

La première grande remarque montre qu’en cette année 1851, Plouguerneau semble être une commune principalement agricole. Environ 90 % des habitants travaillent dans le secteur de la terre (agriculteur, domestique, journalier, forgeron, …).

Le seul métier tourné vers la mer semble être celui de« pêcheur ». Aucun « Goémonier » nommé. Connaissant l’évolution future, et surtout pour Plouguerneau, cela sera étudié dans un article spécifique.

Un autre point, mis en valeur, est la différence entre les cultivateurs propriétaires et les fermiers locataires. 748 en total soit environ 700 exploitations. 30% sont propriétaires et 70% sont fermiers.

Si l’on reprend, 3 000 hectares comme superficie cultivée, la ferme moyenne devait faire 4,30 hectares.

Cela reste une moyenne, car suivant une méthode appliquée à l’époque, la taille d’une ferme se comptait en nombre de chevaux (un cheval pour 5 hectares). En comparaison avec les chiffres de la commune de Plouider en 1880 (source Louis ELEGOET – « Les rapports entre le paysan léonard et le cheval de trait »), le nombre de chevaux par ferme allait de 0 à 10. Le nombre de domestiques peut aussi servir pour évaluer la taille de la ferme et le nombre de chevaux par ferme. On peut donc penser que certaines fermes à Plouguerneau dépassaient 20 hectares (surtout dans la partie « Ménez » de la commune).

Deuxième remarque, la présence de métiers tournés vers la ferme et les chevaux : 21 forgerons ou aides, 3 bourreliers, 3 charrons, 3 faiseurs de cribles, 2 tonneliers, … et leur présence assez proche des clients : 7 forgerons au Bourg, 3 à Tréhénan, 4 à Gorréploué, …

Troisième remarque, le nombre des meuniers ou aides meuniers : 27.

7.2 – Des commerçants ou artisans tournés vers les services aux agriculteurs

  • L’habillement : on trouve 23 tailleurs et 63 couturières
  • La Chaussure : on trouve 13 cordonniers
  • La Construction : on trouve 23 maçons, 11 menuisiers, 1 couvreur

7.3 – Les restes des métiers des 2 siècles précédents

  • Le Tissage : on trouve 20 tisserands, 3 faiseurs de bernes, 5 fileuses, 4 peigneuses de lin

7.4 – L’administration et les services divers

  • Douanes : présence de 17 Douaniers ( un article spécifique sera dédié sur PHA à ces douaniers )
  • Services publics : 1 garde-champêtre, 1 instituteur, 1 syndic des marins, 1 cantonnier, 1 percepteur, …
  • Services privés : 1 Notaire

7.5 – Les commerçants ( principalement au Bourg )

  • 15 marchands ou marchandes, négociants, …
  • 13 aubergistes hommes et 6 aubergistes femmes, 2 cabaretiers

7.6 – L’église

  • 6 prêtres (curés, vicaires, …), 3 bedeaux
  • 4 sœurs

7.7 – Le Bourg

 

La population du bourg représente moins de 12% de la population pour 8 rues. Il est peut étendu et resserré au nord-est et sud-ouest de l’église.

Les principaux commerçants sont situés au Bourg.

En 1851, Lilia et Le Grouanec sont des villages comme les autres sans commerçants ( ils ne sont même pas les villages les plus habités de leur secteur ).

7.8 – Les Secteurs

Les différents secteurs sont assez homogènes hors les spécificités dues aux lieux : les meuniers se trouvent principalement sur Tréhénan et Gorréploué, les pêcheurs sur Tréménac’h et l’Armorique.

La différences entre « Arvor » et « Ménez » se retrouvent sur la présence de domestiques hommes dans les fermes : plus de 20 % des hommes sur Tréhénan et Gorréploué, entre 15 et 20 % sur Trémeur et moins de 15 % sur Tréménac’h et l’Armorique.

7.9 – L’âge des habitants

La population des moins de 30 ans est bien évidemment largement supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui.

Les personnes de plus de 60 ans ne représentent que 9 % de la population. Mais la grande différence avec aujourd’hui, c’est que ce pourcentage est identique pour les hommes et les femmes. L’écart qui existe de nos jours ne semble pas exister à Plouguerneau en 1851.

Les habitants les plus âgés, malgré tout , sont des femmes. La personne la plus âgée est une femme de 91 ans. Il y a légèrement plus de personnes âgées au Bourg : 12 %.

Par rapport au métiers, les habitants les plus âgés en moyennes sont les agriculteurs et leurs femmes. Viennent ensuite : tisserands, fileuses, …

Des écarts sont sensibles par secteurs et mis en gras et italique sur les différents tableaux.

7.10 – Conclusion générale

En 1851, Plouguerneau ne semble pas être très différent de ce qu’elle était 50, 100 ou 150 ans avant.

Mais les prémices d’un profond changement sont déjà là :

  • Premier pont de Paluden (pont suspendu) construit entre 1848 et 1851
  • Phares de l’Île Wrac’h et de l’Île Vierge construits depuis moins de 10 ans
  • Amélioration des routes

ou sont sur le point d’arriver :

  • Droit de circulation supprimé à partir 1863 ( voir article sur Les mendiants à Plouguerneau )
  • Amélioration de l’agriculture et moins de problèmes de récoltes à partir de 1855
  • Exploitation du Goémon ( installation d’usines à proximité ) et extension de la Pêche
  • Mise place de l’assistance et de services de soins ( Hospice )
  • École obligatoire

 

Pont suspendu de Paluden